FAQ QI (Quotient Intellectuel)

Philippe Gouillou - 1997 - Mise à jour : 8 février 2024 -https://douance.org/qi/qi.html
Le QI est un des moyens de mesure de l’Intelligence Générale, c’est-à-dire du Facteur g, c’est-à-dire d’une caractéristique biologique. Il ne s’agit pas d’une mesure directe (comme on peut mesurer directement la taille de quelqu’un avec un mètre), mais d’une mesure indirecte (comme si on mesurait la taille de quelqu’un en se référant à la taille de son ombre sur un sol inégal) : la mesure n’est donc pas parfaite. De plus, il ne s’agit pas d’une mesure faite avec un étalon fixe (comme le poids ou la taille) mais d’une mesure comparative. Mais, avec l’avancement des tests, on estime la fiabilité des tests de QI comme supérieure à 70%, ce qui n’est pas mal.

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Disclaimer

L'intelligence est un sujet particulièrement complexe, et pas seulement parce qu'elle est difficile à définir. Il apparaît en effet que nous vivons une époque où le mythe de l'intelligence en tant que critère universel de jugement de valeur d'une personne est extrêmement puissant : on peut dire qu'une personne est moins belle qu'une autre, ou moins riche ou moins chanceuse, mais pas qu'elle est moins intelligente (Kahn avait été jusqu'à considérer le QI comme une mesure de la "dignité humaine" !).

Tout ce qui est écrit ci-après doit donc être pris avec la plus grande prudence, n'être considéré que comme des éléments d'aide à la réflexion (et pas comme des "vérités", sinon au sens épistémologique du terme), et ne donner lieu à aucune généralisation hâtive. Je rappelle que nous parlons ici de science (de théories plus ou moins étayées par des faits) et pas de politique.

J'ai essayé de prendre en compte les risques de désinformation à mon encontre que l'on peut trouver sur le web en choisissant un style simple et, je l'espère, pédagogique. Je ne peux cependant pas faire grand chose contre la mauvaise foi, ni contre la bêtise : "Make it idiotproof and They'll make better idiots !" ("protégez-vous des idiots, et ils créeront des idiots plus dangereux").

Présentation

Cette page répond aux questions qui sont généralement posées sur le QI en lui-même. Elle vient donc en complément direct de la FAQ Enfants Surdoués (Synthèse) et de la FAQ Intelligence qui doivent être lues en complément. Cependant, pour accélérer la lecture, certains sujets sont abordés à la fois dans la FAQ Intelligence et la FAQ QI.

Remarque : Les termes employés sont expliqués dans cette page et dans le Dictionnaire.

Sommaire

  1. La courbe en cloche
  2. Définition pratique du QI
  3. Les tests de QI
  4. Les résultats au test de QI
  5. Vocabulaire
  6. Compléments
  7. Pour en savoir plus
  8. Historique des versions

1. La courbe en cloche

center

Voir : Douance : La Courbe en Cloche : ce qu'il faut savoir

2. Définition pratique du QI

2.1. Qu'est-ce que le QI ?

QI (Quotient Intellectuel) est le terme générique employé depuis 1912 pour désigner les différents tests psychométriques d'intelligence, ou pour désigner le résultat obtenu à un de ces tests.

Il existe plusieurs types de QI, qui donnent des notations différentes (voir ci-après). Cependant tous sont des tests psychométriques : c'est-à-dire des tests normalisés qui comparent les performances d'un individu à des questions précises par rapport aux réponses de l'ensemble de la population aux mêmes questions.

2.2. Quel est l'historique du QI ?

Les recherches pour "mesurer" l'intelligence existent depuis les débuts de la psychologie scientifique, c'est-à-dire la fin du XIX° siècle.

  • Le terme "Mental Test" est employé pour la première fois par CATTELL (USA) en 1890.

  • Cependant ce n'est qu'en 1905 que Alfred BINET (1857-1911) et Théodore SIMON (1873-1961) mettent au point en France un premier test fiable, qui permet de mesurer le développement intellectuel des enfants par rapport à leur âge. Le résultat est exprimé en âge mental.

  • En 1912, l'Allemand STERN a l'idée de diviser le résultat obtenu au test de BINET-SIMON (âge mental) par l'âge réel de l'enfant, et de multiplier le tout par 100. C'est le premier "quotient".

  • En 1916, TERMAN (USA) adapte le BINET-SIMON et en fait le STANFORD-BINET, qui sera utilisé sur 1.75 millions de recrues en 1917-18.

  • En 1939, David WECHSLER (USA) a l'idée de changer le traitement statistique des tests, afin d'avoir des résultats non plus en âge mental, ni en QI, mais en rang dans la population. Le QI n'est plus un "quotient" mais une indication d'un niveau de classement dans la population.

  • En 1966, René ZAZZO (France) revoit la BINET-SIMON et crée la NEMI.

Voir la FAQ Intelligence

2.3. Quels sont les différents types de QI ?

Il existe un grand nombre de types de QI. Ceux-ci se distinguent selon :

  • La théorie qui les soutient

  • Qu'ils sont culturels (avec des tests verbaux), ou non

  • Qu'ils donnent un résultat en âge mental ou en rang dans la population, et dans ce dernier cas quel est leur Ecart-Type

Remarque : On appelle QI classique un QI en âge mental ; QI standard un QI en rang (= QI par répartition, GB : Deviation IQ) avec un écart-type de 15 (comme le Wechsler), et on cite le nom du test dans les autres cas. Quand rien d'autre n'est précisé, c'est que l'on parle en QI standard.

Attention : des QI différents donnent des résultats différents en termes de chiffres. Par exemple 150 au Wechsler correspond à 180 au CATTELL. Il est toujours possible de traduire les résultats d'un QI à un autre, soit directement (pour les QI en rang : formule mathématique), soit en consultant des tables dédiées (passage du QI en âge au QI en rang).

2.4. Que sont les tests en répartition et les tests en âge mental ?

QI en répartition :
QI calculé de façon à indiquer le rang où se situe le testé dans la population (Courbe de Gauss). Ne permet pas de distinguer directement l'âge mental. Cette approche, mise au point par Wechsler, permet également de tester les adultes (pour qui l'âge mental ne signifie pas grand chose !). Un QI en répartition avec un Ecart-Type de 15 et une moyenne de 100 est dit Standard.
QI en âge mental :
QI calculé de façon à déterminer le rapport de l'âge mental sur l'âge réel, le tout multiplié par 100 (formule de STERN). Remarque : les QI en âge mental plafonnent à 16 ans.

2.5. Que mesure le QI ?

Le QI cherche à mesurer l'Intelligence Générale, c'est-à-dire le Facteur g, c'est-à-dire une Caractéristique Biologique qui est derrière le traitement de toutes les tâches cognitives.

Il ne s'agit pas d'une mesure directe (comme on peut mesurer directement la taille de quelqu'un avec un mètre), mais d'une mesure indirecte (comme si on mesurait la taille de quelqu'un en se référant à son ombre) : la mesure n'est donc pas parfaite. Mais, avec l'avancement des tests, on estime la fiabilité des tests de QI comme supérieure à 70%, ce qui n'est pas mal.

Voir la FAQ Intelligence

2.6. Le QI suit-il vraiment une courbe en cloche ?

Non, et c'est le plus gros problème posé au QI. Une "Courbe en cloche" correspond à la représentation d'une variable suivant une Loi Normale, dont une des caractéristiques est de n'avoir ni inférieur ni supérieur... or le QI a un inférieur (zéro).
Voir : Douance : La Courbe en Cloche : ce qu'il faut savoir

Une conséquence de ce problème est l'Effet de Tassement (voir section 5. Vocabulaire) : les QI par rang (définis selon une Loi Normale) ne parviennent pas à représenter les QI par âge mental dès qu'ils s'éloignent de la moyenne. Cattell a permis de réduire la différence entre les deux mesures en augmentant l'écart-type, mais ce n'est pas suffisant.

D'autres chercheurs proposent des solutions mathématiques alternatives pour remplacer la modélisation selon la Loi Normale : voir Douance : Table de comparaison entre le QI classique et le LN QI

2.7. A quoi est corrélé le QI ?

  • La personnalité :

  • La performance professionnelle :

    • C'est le meilleur critère d'embauche (corrélé à 0,53 contre 0,37 pour le CV et 0,14 pour les entretiens (Source : HUNTER & HUNTER 1984))
    • La validité des tests d'embauches est directement corrélée à leur saturation en g
    • L'avantage conféré par un haut QI dure, et n'est pas contrebalancé par l'expérience
  • Le niveau d'études :

    • Les chiffres de la moitié du XX° siècle étaient :
      • QI moyen d'un diplômé moyen du premier niveau universitaire = 115 (+1 SD)
      • QI moyen des plus haut diplômés : aux US environ 145 (+3 SD)
    • Les évolutions récentes du système universitaire ("diversité", "inclusion", etc.) ont fait chuter ces chiffres, et Uttl et al. (2024) ont trouvé un QI moyen de 102 parmi les étudiants américains.
      Voir : Billet Éco 19 : L'éducation est-elle la clé de demain ?
  • Le Taux de Criminalité :

    • QI moyen des criminels (USA) = 92
  • La richesse des nations : c'est le Capitalisme cognitif

Voir la page de synthèse des statistiques sur le QI et la FAQ Capitalisme cognitif

3. Les tests de QI

3.1. A quoi ressemble un test de QI ?

Les tests de QI peuvent se passer soit en face à face avec le psychologue, qui pose les problèmes et mesure les résultats (il peut y avoir chronométrage), soit seul devant une feuille avec un temps limité (QCM), ou avec un temps illimité (notamment pour mesurer la haute efficience intellectuelle : les QI extrêmes).

Ils comprennent un certain nombre de questions, parfois regroupées en plusieurs subtests. On distingue généralement :

  • Les (sub)tests verbaux : basés sur la connaissance de la langue, ce peut être trouver le mot qui ne correspond pas dans une liste (ex : dans la liste (maison, demeure, château, masure, niche), c'est "niche" qui ne correspond pas à un habitat humain)

  • Les (sub)tests de performance : ce peut être des tests de mémoire (lisez une fois : 1, 3, 2, 7, 9, 6 et récitez-le à l'envers) ; ce peut être des tests de construction (à partir de cube colorés, reconstituer une image) ;

  • Les (sub)tests logiques : les plus célèbres, souvent basés sur les suites (ex : 1, 3, 5, 7, 9, 11... le suivant est... 13)

3.2. Pourquoi des tests de logique ? Le QI ne mesure-t-il que l'intelligence logique ?

Cette question est de plus en plus fréquente, mais elle montre une incompréhension du principe même des tests de QI.

Les tests de QI cherchent à mesurer l'Intelligence Générale (le Facteur g) qui est la partie commune à toutes les "intelligences". On peut donc mesurer celle-ci par différents moyens : il suffit de choisir une de ses manifestation qui soit facile à mesurer, et pour laquelle on dispose de mesures d'un nombre de testés suffisant pour faire les comparaisons.

Avec ces contraintes, les tests de logiques sont les plus pratiques, et c'est pourquoi ils sont généralement choisis.

Voir la FAQ Intelligence et Le QI des chiens

3.3. Où passer les tests ?

En France, les tests ne peuvent se passer qu'auprès d'un psychologue diplômé : les associations spécialisées peuvent vous en conseiller.

Pour limiter les coûts, il est possible en France de les passer auprès du psychologue de l'établissement scolaire, ou auprès des CMP (Centres Médico-Psychologiques) ou CMPP (Centres Médico-Psycho-Pédagogiques) locaux (renseignement dans l'annuaire ou à l'hôpital).

IMPORTANT : il est essentiel de s'assurer qu'un compte-rendu écrit, avec les résultats et les conclusions, sera remis aux parents.

3.4. Quels sont les tests les plus connus ?

  • Tests de WECHSLER

    • Test de répartition en rang : Ecart-Type = 15 ; Moyenne = 100
    • QI culturel : tests de performance et verbaux
  • Test de CATTELL

    • Test de répartition en rang : Ecart-Type = 24 ; Moyenne = 100
    • Test aculturel (pas de tests verbaux)

3.5. Quel est le QI le plus fiable ?

Tous les tests sérieux (et ceux employés par les psychologues professionnels le sont) sont fiables, et leurs résultats sont tous inter-corrélés à environ 0,70. Le choix d'un test ou de l'autre ne dépend donc généralement pas de sa fiabilité, mais des informations annexes qu'il peut apporter sur la construction psychologique du testé.

Le test réputé être le plus discriminant en Facteur g est le RAVEN qui est un test aculturel et sert de référence internationale.

3.6. Peut-on tricher aux tests de QI ?

Pas vraiment. De nombreuses tentatives ont existées pour augmenter ses résultats aux tests : elles se fondent sur l'entraînement aux tests (Training to the Test).

On constate cependant que si une personne grâce à son entraînement réussit un score élevé à un test particulier, ce résultat ne se retrouvera pas dans un autre test mesurant la même compétence. Il suffit donc qu'il y ait deux items différents mesurant la même aptitude pour dévoiler le truc.

3.7. La motivation change-t-elle les résultats aux tests de QI ?

Un peu, mais pas beaucoup : Bates & Gignac (2022) ont trouvé que chez des adultes en bonne santé la motivation et les efforts associés à réussir les tests ne permettaient un gain que de 2,5 points.

3.9. Comment construit-on un test de QI ?

C'est particulièrement difficile. Il faut à la fois :

  • Au niveau des questions :

    • Eviter celles offrant plusieurs solutions simples (e.g. : la suite 3, 5, 7, ? admet comme réponse soit 9 (suite des nombres impairs à partir de 3), soit 11 (suite des nombres premiers)
    • Vérifier que le niveau des questions est ressenti comme identique par tout le monde
    • Valider statistiquement par un grand nombre de tests
  • QI par répartition :

    • Au niveau du fond, on cherche à répondre aux contraintes suivantes :
      • Corrélation d'environ 0,7 entre les différents subtests
      • Corrélation d'environ 0,7 avec les autres tests d'intelligence
      • Approximation la meilleure possible de la loi normale (courbe en cloche), c'est a dire discrimination et régularité.
    • Au niveau de la forme cela signifie :
      • Trouver des questions valides
      • Faire le traitement statistique pour approximer la loi Normale
      • Tester, étalonner, et valider
  • QI par âge mental :

    • La méthode mise au point par BINET est toujours celle employée. Son principe est : un item correspondant à un enfant de 5 ans doit être échoué par presque tous les enfants de 4 ans, réussi par 50% des enfants de 5 ans, et réussi par la plupart des enfants de 6 ans

3.10. Faut-il passer (ou faire passer) des tests ?

Il est maintenant fréquent d'entendre des parents qui refusent de faire passer un test à leur enfant, même parfois quand c'est l'enseignant qui le demande, parce que "on accorde trop d'importance au QI" ou "c'est une mode, maintenant on croirait que tout le monde est surdoué".

Je suis tout à fait d'accord avec ces critiques mais ai justement tendance à inciter à faire passer les tests à tous les enfants : pas pour le QI global, mais pour les forces et faiblesses que peuvent dévoiler ses différentes composantes.

Bien sûr, un autre intérêt est que ça permet parfois de calmer certaines personnes qui se fondent sur leur autodiagnostic de surdouement pour essayer d'imposer leurs diktats aux autres...

4. Les résultats au test de QI

4.1. A quoi correspondent les résultats obtenus ?

Un chiffre seul ne donne aucune information : il faut savoir quelles sont les caractéristiques du test employé.

  • Pour les QI en répartition, on considère :

    Wechsler CATTELL % Commentaire
    85 76 15% Plancher de la normalité
    100 100 50% Normal
    115 124 15% Plafond de la normalité
    125 140 5% Précocité
    132 151 2% Niveau Mensa
    145 172 0,10% Highly Gifted
    150 180 1/4.000 Plafond Wechsler

    Pour en savoir plus : consulter la Table de conversion et affichez le Graphique extrait de Locurto.

  • Pour les QI en âge mental : Si un enfant de 10 a un QI de 150, cela signifie que ses résultats aux tests sont les mêmes qu'un enfant moyen de 15 ans (10 x 150/100).

4.2. Comment interpréter les résultats aux subtests ?

Un résultat de QI comprend plusieurs chiffres, voire plusieurs QI : pour les tests de performances, verbaux, etc. voire pour chaque question. Ces informations sont essentielles pour comprendre la façon dont le testé s'est construit psychologiquement.

Seulement, seul un psychologue qualifié pourra expliquer, dans votre contexte, à quoi ils correspondent.

4.3. Pourquoi les differents QI par répartition ne donnent pas les mêmes chiffres ?

La majorité des QI par répartition se fondent sur un écart-type de 15 ou 16. Cattell a préféré un écart-type de 24 pour essayer de limiter l'écart entre les QI par rang et les QI par âge mental chez les hauts-QI (voir l'Effet de Tassement dans la section Vocabulaire ci-après). La conversion entre un type de QI par rang et un autre est facile : il suffit d'appliquer une formule mathématique

Voir Douance : Table de conversion du QI (Wechsler <-> Catell)

4.4. Que faut-il adapter au QI ?

Il est essentiel de comprendre qu'adapter un domaine au QI ne signifie pas sacrifier les personnes défavorisées : en réalité il apparaît que les individus d'eux-mêmes se choisissent des proches à QI comparables, et qu'ils sont plus heureux dans cet environnement, cela étant vrai pour les surdoués et pour les autres.

Au niveau éducatif, le regroupement en classes par rapport au QI est la méthode dirigée qui a démontrée être la plus efficace (la méthode non dirigée est le Streaming : voir Review du livre de Christopher BRAND). Les classes généralistes telles celles qu'on trouve en France ne gâchent pas uniquement le potentiel des surdoués, mais également celui de la majorité des élèves.

Au niveau social ne pas tenir compte du QI équivaut à sacrifier ceux qui ne sont pas pris en compte.

4.5. Le QI peut-il varier au cours d'une vie ?

A partir de 6 ou 7 ans, le QI est impressionament stable sur une vie. c'est-à-dire que les résultats obtenus par quelqu'un seront aussi proches de ceux qu'il obtiendra 6 mois après, que de ceux qu'il obtiendra 40 ans après (à la condition bien sûr d'être assez jeune...).

Le QI peut cependant varier, à la baisse, en fonction principalement des maladies :

  • On comprend facilement qu'une personne grippée avec 40+ de fièvre n'aura pas un QI extraordinaire

  • Une personne en dépression aura des résultats inférieurs à ce qu'elle obtient normalement. Cet chute est beaucoup plus forte chez les Bipolaires (maniaco-dépressifs) que chez les Unipolaires (juste dépressifs)

A l'opposé un QI peut varier à la hausse dans au moins deux cas :

  • Si le test de référence a été passé lors d'une mauvaise période (raisons évoquées ci-dessus)

  • Chez un Bipolaire en phase maniaque (!)

4.6. Le QI est-il predictif ?

Le QI a un fort caractère prédictif sur de nombreux éléments (voir ci-après). Mais il est PLUS prédictif pour la partie gauche de la courbe que la partie droite : les bas QI sont plus limités par cette faiblesse et présentent plus de ressemblances, alors que les hauts QI présentent plus de variétés.

Tout se passe comme si il fallait un certain niveau de QI pour que certaines caractéristiques puissent se développer.

Cela signifie également que l'environnement a un impact plus important sur les surdoués que sur les QI inférieurs.

4.7. Les différences dues au QI sont-elles régulières sur la courbe ?

Il est généralement considéré que les différences de fonctionnement cognitif augmentent avec le QI, c’est-à-dire qu'il y a plus de différences entre une personne au QI de 160 et une personne au QI de 140, qu'entre cette dernière et une personne au QI de 120.

De plus, il est généralement considéré qu'il y a un saut qualitatif aux alentours de 145 : une personne ayant un QI supérieur montre un fonctionnement cognitif très différent que celui des personnes ayant un QI inférieur à ce seuil.

5. Vocabulaire

5.1. Qu'est-ce que l'effet Flynn ?

Le Flynn Effect (du nom de celui qui l'a rendu célèbre : James Robert Flynn, 28 avril 1934 – 11 décembre 2020) correspond à l'augmentation quasi-régulière du QI tout au long du XX° Siècle. Cette augmentation était variable selon les pays (plus forte dans les pays du nord que dans ceux du sud), mais elle a atteint des chiffres importants (+ 1 Ecart Type / Génération). Elle imposait un réétalonnage régulier des tests de QI. Cette augmentation s'est maintenant arrêtée. On peut constater qu'elle ressemble fortement à celle de l'augmentation de la taille et de la durée de vie au cours de la même période.

Cet effet s'est ralenti à la fin du XX° siècle, et finalement inversé dans les pays occidentaux au début du XXI°.

Plusieurs hypothèses ont été avancées pour l'expliquer, et notamment :

  • Influence de l'alimentation => ce que mesure le QI a en effet augmenté

  • Influence des stimulis en très jeune âge (télévision) :

    • Soit les tests mesurent moins bien qu'avant (sont faussés) => il n'y a pas eu d'augmentation de ce que mesure le QI
    • Soit ces stimulis ont un effet sur la croissance => il y a bien eu augmentation de ce que mesure le QI

Finalement, l'hypothèse d'une augmentation de ce que mesure le QI a été rejetée : il s'agit bien d'un problème de validité des tests (voir par exemple : Jelte M. Wicherts et al. (2004) "Are intelligence tests measurement invariant over time? Investigating the nature of the Flynn effect" Intelligence 32 (2004) 509–537)

Au final, il est maintenant de plus en plus considéré que l'Effet Flynn a caché une forte baisse réelle de QI : -14 points / siècle en Angleterre.

Voir le Mythe 7 sur la page Douance : 7 mythes du QI

5.2. Qu'est-ce que l'Effet de Tassement ?

Un test de QI standard (répartition, M = 100, SD = 15) comme les Wechsler ne donne des résultats en termes de chiffre de QI global assez proches des tests de QI par âge mental que pour les QI proches de la moyenne. Par exemple, un enfant montrant un QI Wechsler de 110 sera le plus souvent assez proche d'un QI en âge mental de 110 (rappel : on ne peut pas passer de l'un à l'autre directement). Cependant, cette proximité se perd avec l'augmentation du QI, jusqu'à des différences très importantes. Jean-Charles Terrassier donne l'exemple (repris dans le Guide Pratique de l'Enfant Surdoué) d'une fillette de 6 ans ayant un QI standard de 149 et un QI en âge mental de 179 !

On dit que les tests de QI par répartition provoquent un tassement des hauts QI, c'est-à-dire que leurs résultats sont de plus en plus inférieurs à ceux obtenus par un QI en âge mental au fur et à mesure que le QI augmente.

Il est généralement admis que c'est pour limiter cet effet de tassement que Cattell a choisi un écart-type de 24 plutôt que de 15.

5.3. Cet effet de tassement remet-il en cause la pertinence du choix de la loi normale (courbe en cloche) pour modéliser le qi ?

Oui. A l'origine la loi normale (courbe en cloche) avait été choisie parce qu'elle modélisait assez bien les QI moyens, c'est-à-dire la majorité des testés (et donc des données disponibles). Plus de 60 ans après, maintenant que les recherches ont beaucoup avancé et que les données se sont accumulées, les limites de la courbe en cloche pour représenter les hauts QI posent de plus en plus de problème. Aussi certains cherchent d'autres modélisations mathématiques, et Bob Seitz, à la suite de Geoffrey Thomas Sare (1951) et du Dr. Robert Dick (2000), propose le LN-QI. Cette méthode n'est cependant valide que pour les très haut QI.

Voir : Douance : Table de comparaison entre le QI Classique et le LN-QI et Evopsy : QI : Faut-il abandonner la courbe en cloche ?

5.4. Que signifient les différents adjectifs ou participes accolés au QI ?

QI Classique
QI calculé en âge mental (BINET SIMON, NEMI, etc.)
QI Standard
QI calculé en répartition (rang de la population) avec une Espérance de 100 et un Ecart-Type de 15 (comme le WECHSLER)
QI Verbal
QI calculé à partir des résultats aux subtests verbaux.
QI de Performance
QI calculé à partir des résultats aux subtests de performance.
QI aculturel
QI calculé à partir des résultats aux subtests non verbaux, ou à un test dit aculturel (c'est-à-dire sans partie verbale, comme le CATTELL).
QI Compensé
QI calculé selon la méthode prônée par Jean-Charles TERRASSIER qui consiste, avant de préconiser un saut de classe, à recalculer un QI théorique de l'enfant avec l'âge moyen de la nouvelle classe.
Exemple : si un enfant de 10 ans a 150, avant de le mettre dans une classe où l'âge moyen est de 13 ans, le QI va être recalculé comme si l'enfant avait réellement 13 ans. Jean-Charles TERRASSIER considérait qu'un QI compensé de 120 laisse une bonne marge de sécurité pour la réussite du saut de classe.
QI de Greenwich
QI standard étalonné sur la population du Royaume Uni. Sert de référence pour les comparaisons internationales.

5.5. Que signifient les différents termes statistiques ?

Corrélation :
"On dit qu'il y a corrélation entre deux caractères des éléments d'un même ensemble lorsque les variations de l'un sont dépendantes des variations de l'autre." (Les Mathématiques - Ed. Retz CEPL)
La corrélation s'exprime par un nombre compris entre -1 (dépendance négative complète) et 1 (dépendance complète) en passant par 0 (indépendance complète). Cet outil statistique a été découvert par Sir Francis GALTON (demi-cousin de Charles DARWIN et co-fondateur de Nature) en 1886 et développée par son étudiant Karl PEARSON.
Pour une explication plus complète (et la formule de calcul) voir la page Coefficient de corrélation sur le site JMP.
Courbe de la Loi Normale (Courbe en Cloche, Courbe de Gauss, Gaussienne) :
Quand un caractère (quel qu'il soit) d'une population dépend de critères très variés et pas forcément dépendants entre eux, la répartition de ce caractère dans la population suit généralement une Loi Normale (Loi de Gauss). La courbe de celle-ci ressemble effectivement a une cloche, avec le plus grand nombre d'individus au milieu, et une symétrie par rapport à la moyenne. Une telle loi se définit par sa Moyenne (ou Espérance_) et son _Ecart-Type (variation, correspond visuellement à l'aplatissement de la courbe).
On peut calculer une Loi Normale Réduite en recalculant les données pour que la Moyenne soit égale à 0 et l'Ecart-Type à 1. Cela permet de se référer à des tables pour lire les pourcentages correspondants à chaque valeur.
Voir : Douance : La Courbe en Cloche : Ce qu'il faut savoir
d de Cohen (anglais : Cohen's d) :
Distance entre les moyennes de deux Courbe de Gauss exprimée en écarts-types.
Exemple : si la population A montre un QI standard moyen de 85 et la population B un QI standard moyen de 115, la différence entre les deux moyennes est de 30 points, soit 2 écarts-types, soit un d de Cohen = 2
Ecart-type (anglais : Standard Deviation = SD) :
Racine Carrée de la Moyenne des Carrés des écarts.
Permet de mesurer la dispersion par rapport à la moyenne. Sur la Courbe de Gauss, correspond visuellement à l'aplatissement de la courbe en cloche.
Un écart-type de 15 (comme pour le Wechsler) permet une correspondance entre le QI en âge mental et le QI en répartition pour les QI moyens. Il provoque par contre un effet de tassement pour les hauts QI. Voir Douance : Table de conversion des QI pour avoir la différence.
Moyenne, Espérance :
Rapport du total des valeurs obtenues sur la taille de l'échantillon.
Equivaut à l'Espérance dans une Courbe de Gauss.
Médiane :
En statistiques : Valeur divisant en deux parties égales la population (autant de personnes d'un côté que de l'autre).
Dans une Courbe de Gauss (et donc pour le QI), la médiane égale la moyenne et le mode. C'est un cas particulier qui ne se retrouve pas toujours (ex : dans la série (1, 2, 3, 6, 18) la moyenne est 6 (= 30/5) mais la médiane est 3).
Mode :
Valeur la plus représentée dans une distribution.
Dans une Courbe de Gauss (et donc pour le QI), le mode égale la moyenne et la médiane.
Moyenne :
On parle ici de moyenne arithmétique : somme des valeurs divisée par leur nombre.
Dans une Courbe de Gauss (et donc pour le QI), la moyenne égale le mode et la médiane.
Probabilité de supériorité1 :
Probabilité que sur deux personnes prises au hasard dans deux populations, celle de la population ayant la moyenne la plus élevée montre un résultat plus élevé que l'autre.
Exemple : si la population A montre un QI standard moyen de 85 et la population B un QI standard moyen de 115, alors si vous prenez une personne au hasard dans chaque population, il y a 92,1% de chances que celle de la population B ait un QI supérieur à celle de la population A.
Voir : La Courbe en Cloche : Ce qu'il faut savoir - 2.5 Les chiffres
U3 de Cohen (anglais : Cohen's U3):
Sur deux distributions suivant la Loi Normale, pourcentage de la population à la plus forte moyenne ayant un résultat supérieur à la moyenne de l'autre population.
Exemple : si la population A montre un QI standard moyen de 85 et la population B un QI standard moyen de 115, alors 97,3% de la population B a un QI supérieur au QI moyen de la population A.
Voir : La Courbe en Cloche : Ce qu'il faut savoir - 2.5 Les chiffres

5.6 Que signifient les termes employés pour désigner les gens selon leur QI ?

Normie, Midwit :
Le plus souvent : personne ayant un QI compris entre 85 et 115 (± 1 écart-type), soit 68% de la population. Midwit est parfois employé (dans un sens critique) pour désigner ceux entre 115 et 130 (entre +1 et +2 écart-types)
Voir Base Éco 17 : Qu’est-ce qu’être normal ?
Surdoué, HQI (anglais : gifted) :
QI supérieur à 130 (+2 écart-types, environ 2% de la population)
Très Haut QI, THQI (anglais : VHIQ) :
QI supérieur à 145 (+3 écart-types, environ 0,13% de la population)
Voir Douance : FAQ Très Haut QI (supérieur à 145 = THQI)
Extrêmement Haut QI, XHQI, TTHQI :
QI supérieur à 160 (+4 écart-types, environ 0,003% de la population)

6. Compléments

6.1. Le QI est-il d'origine génétique ?

Il est maintenant démontré que le QI est une des caractéristiques humaines les plus déterminées génétiquement (de 40 à 80% de corrélation), et les avancées des recherches confirment de plus en plus cette très forte influence. Par exemple, en 2019 David Pfiffer (doi:10.3390/psych1010005) a pu à partir de 2 411 SNPs (Wikipedia) construire un score polygénique corrélé à 0,98 avec le QI.

Evidemment l'environnement non biologique est extrêmement important, mais son influence semble n'être qu'à la baisse (i.e. : un environnement défavorable peut détruire un potentiel, mais un environnement favorable ne pourrait l'augmenter).

Voir Douance : FAQ Intelligence et Douance : Statistiques sur le QI

6.2. Quel est le QI moyen en France : 100 ? ou 97 ?

Si vous passez un test en France, celui-ci sera étalonné pour un QI moyen de 100, mais en comparaison internationale, la France n'a que 97 de moyenne. La raison est que la France bénéficie de tests étalonnés sur sa population.

Tous les tests de QI sont étalonnés par rapport à une population, mais celle-ci n'est pas nécessairement celle du pays étudié : un individu passant un test de Wechsler en France sera mesuré selon un étalonnage français, avec une moyenne de 100, parce qu'un éditeur a investi sur cet étalonnage pour faire une version française du test, mais cela n'est pas le cas pour tous les pays.

Pour faire des mesures trans-nationales, les tests utilisés ont été étalonnés par rapport à la population Britannique (ie : les habitants du Royaume Uni ont une moyenne de 100), c'est le "QI de Greenwich". A ces tests, les Français montrent une moyenne d'environ 97 (tendance baissière).

Remarque : le QI moyen mondial était estimé par Richard Lynn à 90. Les estimations les plus récentes sont maintenant inférieures à 87.

Voir : Douance : QI moyen mondial

6.3. Le QI est-il biaisé contre certaines populations ?

Non, pas du tout. Il s'agit là d'un argument anti-QI très fréquemment entendu, mais qui va complètement à l'encontre de ce que les très nombreuses études ont démontré.

Par exemple, le score polygénique de Piffer (2019) cité section 6.1 confirme les QI moyens par pays obtenus :

center

6.4. Qui a le plus haut QI dans le monde ?

Pendant des années, c'était Maria VOS SAVANT avec un QI en âge mental de 228. Elle est célèbre pour les problèmes de logique qu'elle invente et publie dans "Parade" aux USA (certains de ses problèmes ont même provoqué des débats scientifiques passionnés !).

Il y a quelques années, j'ai lu qu'un homme annonçait avoir 234. Sir NEWTON a été estimé à 200, et James SIDIS à entre 250 et 300.

6.5. Qu'est-ce que le QE (Quotient Emotionnel) ?

On sait maintenant que le concept de QE correspond à un mix d'Intelligence Générale (Facteur g) et de personnalité.

Son origine est probablement un "coup marketing" (publicité) utilisé par Howard GARDNER ou par Daniel GOLEMAN (auteur de l'intelligence émotionnelle) pour respectivement faire connaître sa théorie des intelligences multiples et vendre son livre.

Gardner distingue 8 facteurs, et définit 7 (ou maintenant 9) intelligences. A noter que l'existence de l'intelligence musicale (une des 7 ou 9) a été réfutée.

Voir : Douance : FAQ Intelligence pour une analyse plus détaillée.

6.6. Quel est le QI idéal ?

La notion d'idéal dépend évidemment des objectifs et préférences de chacun, mais on peut constater comme règle générale que sur un critère modélisable par une courbe de Gauss la vie est plus facile pour ceux qui sont entre +1 et +2 écarts types. Par exemple : être grand est généralement un avantage important, mais être trop grand pose de nombreux problèmes d'adaptation à l'environnement (trouver une voiture à la bonne taille, des vêtements, etc.).

Selon cette approche, c'est l'environnement qui est déterminant. De même que la taille idéale ne sera pas la même en fonction des autres, le QI idéal théorique dépendra des personnes fréquentées : il sera beaucoup plus élevé pour ceux évoluant dans le monde de la recherche que pour ceux vivant dans des environnements moins demandeurs.

Au niveau de la communication humaine, il a été trouvé qu'un écart de 20 points suffit à la rendre difficile, et qu'à partir de 30 points d'écart il n'y a plus de compréhension : voir Douance : Vie professionnelle : l'exclusion des Hauts QI.

7. Pour en savoir plus

8. Historique des versions

Date Description
8 février 2023 Compléments à 5.5. Que signifient les différents termes statistiques ?
16 jan 2024 Ajout 5.6 Que signifient les termes employés pour désigner les gens selon leur QI ? et MàJ 2.7. A quoi est corrélé le QI ? et 5. Vocabulaire
20 juin 2023 Ajout 3.7. La motivation change-t-elle les résultats aux tests de QI ?
1 février 2023 Mise à jour lien 7 mythes du QI
11 septembre 2021 Ajout : 3.8. Faut-il passer (ou faire passer) des tests ?
MàJ : 2.7. A quoi est corrélé le QI ? : Ajout Capitalisme Cognitif
23 avril 2019 MàJ : 6.1. Le QI est-il d'origine génétique ? : Ajout score polygénique de Pfiffer
MàJ : 6.2. Quel est le QI moyen en France : 100 ? ou 97 ? : Ajout QI mondial moyen par pays
MàJ : 6.3. Le QI est-il biaisé contre certaines populations ? : Ajout corrélation du score polygénique de Pfiffer
1 avril 2018 MàJ : 3.2. Pourquoi des tests de logique ? : Simplification ; Suppression Ajout annonce Maison Solaire à Vendre (vendue)
31 jan 2018 Amélioration style section NOUVEAU : "6 mythes du QI" ; Ajout annonce Maison Solaire à Vendre
17 octobre 2016 Correction lien vers QI et Personnalité : les corrélations
3 août 2016 Ajout numérotation et liens dans sommaire
30 juillet 2016 Restructuration
1997 - 2016 Multiples modifications...
1997 1ère mise en ligne

Notes


  1. C'est le : CL (Common Language effect size statistic) défini par McGraw & Wong (1992, doi:10.1037/0033-2909.111.2.361