FAQ Enfants Surdoués (FAQ Douance)

Philippe Gouillou -Janvier 1997 - Mise à jour : 8 Juillet 2023 -https://douance.org/eipsynt.html
Cette FAQ (Foire Aux Questions) est la première page à lire du site Douance : elle en est la synthèse et ainsi répond à la plupart des questions que se posent les parents confrontés au surdouement de leur enfant.

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Sommaire

  1. Définition
  2. Caractéristiques
  3. Les problèmes scolaires
  4. La croissance
  5. Informations pratiques
  6. A lire en complément (Pour aller plus loin)

1. Définition

1.1 Qu'est-ce qu'un surdoué ?

Un enfant est dit surdoué quand il a un rythme de développement intellectuel très supérieur à celui normal de son âge, alors que son développement affectif et relationnel correspondent aux normes de son âge.

Cette différence de croissance entre ces composantes de sa personnalité (on parle de "dyssynchronie" depuis que Jean-Charles TERRASSIER a mis ce fait en évidence) le rend très différent des autres enfants, et oblige à des mesures d'éducation adaptées.

1.2 Est-ce grave ?

Nooooonnnnnn ! (au contraire !)

L'influence du surdouement sur la vie est très importante, mais elle n'est pas forcément négative, malgré ce que font croire certains. Il s'agit juste d'un élément à prendre en compte dans l'éducation. Ce dossier est orienté vers l'aide à ceux qui connaissent des problèmes, il ne faut surtout pas en déduire une généralité.

Il est important de lutter contre cette image faussée du surdouement : la majorité des enfants surdoués sont très intelligents ET très heureux ! Être plus intelligent est généralement un avantage !

Comme les tests sont plus fréquemment administrés à ceux qui présentent des problèmes, il y a un biais d'échantillon : c'est ce qu'on appelle la Mensa Fallacy (Sophisme de Mensa).

Une étude de Lavrijsen et al. (2023) l'a confirmé auprès de 3 409 jeunes adolescents de Flandres (Belgique) en distinguant trois groupes de QI : 90-110, 120-130, et 130+ :

  1. Un plus haut QI est associé à une meilleure santé mentale (graphique généré à partir de la Table 2 de l'étude) : center

  2. Ceux qui avaient été détectés surdoués rencontraient plus de problèmes que ceux qui ne l'avaient pas été :

    "Les adolescents étiquetés comme surdoués ont rapporté une estime de soi globale plus faible et des niveaux plus élevés de problèmes émotionnels, d'inquiétude et d'hyperactivité/inattention que leurs pairs non étiquetés, tandis que les niveaux de problèmes de conduite n'étaient pas statistiquement distinguables entre les deux groupes. De même, les parents d'adolescents étiquetés comme surdoués ont signalé des niveaux plus élevés de problèmes émotionnels et de problèmes de comportement que les parents d'adolescents non étiquetés ; les niveaux d'hyperactivité/inattention n'étaient pas statistiquement distincts entre les deux groupes."
    Lavrijsen et al. (2023)1

Et aucune étude n'a trouvé d'effet plateau (qu'un plus haut QI n'apporterait plus rien voire serait négatif), au contraire :

"Nous avons testé empiriquement ces notions [effet plateau] en utilisant les données de quatre études de cohortes longitudinales et représentatives comprenant 48 558 participants aux États-Unis et au Royaume-Uni de 1957 à aujourd'hui. Nous avons constaté que les aptitudes mesurées dans la jeunesse ont une association positive avec la plupart des résultats professionnels, éducatifs, sanitaires et sociaux plus tard dans la vie."
Brown, Wai, & Chabris (2021)2

En revanche, des difficultés peuvent se présenter si l'enfant ne bénéficie pas d'un environnement de personnes du même niveau cognitif, dans ce cas sa solitude peut entraîner des conséquences destructives. Mais alors c'est la solitude qui est le problème, pas le QI.

1.3 Comment le reconnaît-on ?

On reconnaît un surdoué par des tests de développement intellectuel. Ils consistent en la comparaison des performances d'un enfant à différents tests avec les résultats normaux d'enfants du même âge. Ces tests sont regroupés sous le vocable QI (Quotient Intellectuel), même s'ils peuvent donner des résultats différents (Age mental ou Répartition statistique de la population : voir ci-après).

Une personne est dite surdouée (on dit aussi Intellectuellement Précoce pour les enfants) quand son QI dépasse un certain seuil. En 1997, quand la première version de cette FAQ a été mise en ligne, le seuil retenu était le plus souvent de 125, ce qui correspond à environ 5% de la population. Depuis, la définition s'est restreinte, et le seuil le plus fréquent est 130 (+2σ), soit un peu plus de 2% de la population.

Attention : Il n'existe pas encore d'autre manière que le test de QI pour déterminer l'existence du surdouement. Certains enfants peuvent ne montrer quasiment aucun des symptômes décrits dans ce dossier, tout en étant précoces (c'est la marque d'une automutilation profonde), ou les présenter sans l'être.

1.4 Tous les surdoués sont-ils pareils ?

Non, au contraire, même s'ils présentent des caractéristiques communes.

Le niveau de QI influe fortement sur le fonctionnement cognitif et donc la personnalité : on dit qu'une personne ayant un QI de 160 est aussi différente d'une personne ayant un QI de 130 qu'une personne normale (QI = 100) l'est d'une personne handicapée par un QI de 70

En fait, plus le QI est haut, plus des caractéristiques particulières se développent, et moins le QI est prédictif : tout se passe comme si un haut QI permettait à ces caractéristiques de se développer et offrait ainsi plus de liberté.

1.5 Comment détecter un enfant surdoué avant l'école ?

On peut utiliser les tests de QI à partir de 2 ans (TERMAN-MERRIL) mais les tests ne seront véritablement fiables qu'à partir de 6 ou 7 ans.

Le surdouement est cependant le plus souvent sensible dans le comportement de l'enfant dès son plus jeune âge, et selon certains demande des mesures adaptées. Le seul moyen connu de détection est de comparer les âges (en mois) de réalisation de certaines activités à la normale (e.g. : un enfant normal vocalisera 2 sons différents à 2,3 mois, un enfant avec 30% d'avance le fera à 1,6 mois).

J'ai traduit, sur ce site, une page de David FARMER apportant toutes les informations sur cette méthode : Les surdoués préscolaires.

1.6 Quelle est l'origine du surdouement ?

Il est maintenant démontré que l'intelligence (et donc le surdouement) s'explique majoritairement par des facteurs génétiques : il s'agit d'une des caractéristiques humaines les plus héritées. L'environnement (dont l'éducation) module ce potentiel d'une façon plus ou moins importante chez les individus.

Voir : FAQ Intelligence

1.7 Qu'est-ce que le QI (Quotient Intellectuel) ?

Le QI est le résultat global à un test psychométrique, c'est-à-dire qui compare les réussites de différentes personnes à des problèmes normalisés.

Contrairement au mythe usuel, il ne mesure pas l'intelligence logique mais le facteur commun à toutes les formes d'intelligence : l'Intelligence Générale (Facteur g). Voir : 7 mythes du QI

Pour permettre des études comparatives, des échantillonnages statistiques ont été effectués. Ceux-ci peuvent être de 2 types, ce qui donne deux types de QI :

  1. QI par rang (Courbe en cloche) : Un échantillonnage permet de connaître le pourcentage de gens réussissant mieux ou moins bien que le testé. La courbe des nombres de personnes correspondant à chaque QI est une "Courbe en cloche" (Courbe de la Loi Normale, Courbe de Gauss, Gaussienne,...). Une telle courbe se définit par sa moyenne (µ) et son écart-type (σ) : voir la page Courbe en cloche : ce qu'il faut savoir.

  2. QI en âge mental : Un autre type de traitement statistique permet de déterminer l'âge mental : un enfant de 10 ans réussissant les tests correspondant à un âge de 15 ans sera réputé avoir un âge mental de 15 ans, et donc un QI en âge mental de 150 (Age mental/Age réel).

Ces deux approches sont effectuées à partir des mêmes types de tests mais donnent des QI différents, il est donc essentiel de savoir de quel type de QI on parle quand on veut faire des comparaisons. De plus, même parmi les QI par rangs, tous les tests n'utilisent pas le même écart-type, ce qui donne encore des résultats différents (par exemple : un QI de 150 au WECHSLER (σ=15) correspond à un QI de 180 au CATTELL (σ=24)).

Remarque : Dans l'ensemble de ce document, nous emploierons le QI Standard, c’est-à-dire normalisé comme les tests de WECHSLER : QI par rang avec Moyenne = 100 et Ecart-type = 15.

Un autre point important est de savoir sur quelle population le test utilisé a été étalonné. Un QI standard (µ=100, σ=15) étalonné en Grande Bretagne est appelé "QI de Greenwich et sert de référence internationale.

Le principal intérêt du QI est donc de mesurer la dyssynchronie existant chez l'enfant, et ainsi de permettre de lui proposer des mesures éducatives adaptées.

Voir la FAQ QI

2. Caractéristiques

2.1 Quelles sont les caractéristiques des surdoués ?

Les surdoués présentent des caractéristiques communes qui sont plus ou moins marquées selon le niveau de QI, et le type d'éducation.

La principale caractéristique est la "dyssynchronie" (différences de rythmes de développement entre l'Intellectuel (en avance), l'Affectif et le Relationnel (normaux)).

La principale difficulté rencontrée est celle de l'isolement : une différence de plus de 30 points de QI entre deux personnes suffit à bloquer la communication entre elles (elles "vivent" dans des mondes trop différents), or plus le QI est élevé, plus les possibilités de rencontrer des personnes à QI proche diminuent (voir le calcul théorique à Répartition théorique du QI à plus ou moins un écart-type et les explications à Les Outsiders).

Quelques-unes des autres caractéristiques sont :

  • Très grande curiosité intellectuelle

  • Ennui profond et destructeur quand ils manquent de stimuli intellectuels (e.g. à l'école)

  • Très fort sentiment d'être différent des autres qui apparaît très tôt, même si l'enfant ne se l'explique pas (il peut même se croire fou ou idiot)

  • Méthode d'apprentissage très différente des autres enfants (ce qui peut le rendre complètement inadapté à l'école).

Attention : une caractéristique ne fait pas une identité ! Comme déjà indiqué, présenter ces caractéristiques ne suffit pas à détecter le surdouement, seuls des tests le permettent.

2.2 Que faire si son enfant presente ces symptômes ?

Avant toute autre hypothèse psychologique, il faut le faire tester, et si possible par un test du type Wechsler. S'il apparaît comme surdoué, il faudra en tenir compte dans son éducation. Sinon, il conviendra de rechercher une autre explication (frustration affective, etc.).

Il est également essentiel de tester ses frères et soeurs !

2.3 Que faire si son enfant a été diagnostiqué surdoué ?

Tout d'abord considérer ce diagnostic comme une chance : vous pourrez lui donner l'éducation qui lui sera adaptée. Et avoir un enfant surdoué peut être très gratifiant.

L'objectif évident est d'aider son enfant à s'accepter tel qu'il est, à bénéficier de ses forces sans trop subir ses faiblesses. Pour cela, il faut que l'éducation corresponde à son rythme. Un enfant surdoué est un enfant tout à fait normal ET différent : il a donc, comme tout enfant, besoin d'une éducation qui lui corresponde !

La première chose que je conseille est de commencer par lire la traduction en Français du texte synthétique de Stéphanie TOLAN (USA) sur les Enfants Hautement Surdoués (Hauts QI). En effet, même si votre enfant n'en est pas à un tel niveau de QI (145 et plus, soit 1,3 / 1 000), les orientations données par ce texte sont à méditer. (Remarque : la version originale en Anglais est aussi sur ce site).

Les points essentiels sont :

  • L'enfant surdoué a besoin d'être reconnu à son stade de développement, tant au niveau intellectuel, qu'au niveau affectif. A noter que plus son QI est élevé, plus il risque d'être multi-âges. Ne pas en tenir compte peut avoir des effets destructeurs.

  • Ce qui fait la réussite d'une éducation chez un enfant est encore plus important chez un surdoué (l'amour, la stabilité affective, etc.)

  • L'aide d'un psychologue conscient des caractéristiques du surdoué peut être utile.

  • Il faut évidemment aussi lui permettre de rencontrer des gens qui lui ressemblent, ce qui peut être facilité par les associations spécialisées.

3. Les problèmes scolaires

3.1 Quelles sont les caractéristiques de l'apprentissage chez un enfant surdoué ?

L'enfant surdoué n'apprend pas de la même manière qu'un enfant normal : il a besoin de plus de stimuli, ET de plus de complexité. Il lui faudra donc une éducation à la fois plus rapide et plus complète : il ne suffit pas d'accélérer les cours, il faut aussi lui permettre d'apprendre plus de choses. Et les informations devront lui être présentées différemment pour répondre à son besoin de complexité.

3.2 Quelles sont les solutions éducatives possibles ?

Il existe 3 réponses à ces contraintes, l'idéal étant de les employer conjointement.

  1. L'enrichissement : consiste en l'augmentation du nombre de sujets appris.

  2. L'approfondissement : consiste en l'étude plus poussée des sujets du programme.

  3. L'accélération : consiste à limiter le nombre de redites et de révisions du programme. Ainsi, les classes de 6° et de 5° (en France) peuvent être effectuées en 1 seule année, il en est de même pour la 4° et la 3°. Cette solution est nécessaire pour adapter l'éducation au rythme de l'enfant.

On ne peut parler d'éducation spécifique que si ces 3 méthodes sont employées simultanément. Les solutions intermédiaires (notamment sans accélération) permettent de limiter les dégâts occasionnés à l'enfant, mais ne sont pas complètement satisfaisantes.

3.3 Faut-il lui faire suivre une scolarité particuliere ?

C'est la question la plus difficile.

L'éducation hors école n'est pas recommandée, ou alors en cas de nécessité (très forte inadaptation de l'enfant), et pour de très courtes périodes. Cela ne s'applique pas à la Maternelle, qu'il est conseillé d'éviter en cas de surdouement (ce n'est pas la peine que l'enfant souffre de sa différence si tôt).

Le saut de classe, éventuellement de plusieurs, est une solution qui se justifie pour les hauts QI (voir ci-après).

Il existe des classes spécifiques qui ont de très bon résultats.

3.4 Comment gérer les relations avec les enseignants et le personnel scolaire ?

Depuis la première publication de cette FAQ en 1997, les choses ont beaucoup changées : à l'époque peu d'enseignants et de personnels scolaires (administratifs et techniques) connaissaient les problèmes liés au surdouement, maintenant ils ont tous, ou presque, été sensibilisés. Il est donc beaucoup plus facile d'en parler avec eux.

Attention cependant : cette sensibilisation, très positive, a eu un effet secondaire. Etre sensibilisé aux caractéristiques des surdoués ne fait pas sauter la barrière de communication et de compréhension due au fait que des personnes à QI très différent vivent dans des mondes très différents (voir ci-dessus : 2.1). Or des témoignages rapportent que certains enseignants (et surtout personnels scolaires) croient comprendre les surdoués alors que la simple différence de QI suffit à le leur empêcher...

3.5 En France, que propose l'Education Nationale ?

L'Education Nationale a fait d'énormes progrès quant à la reconnaissance du problème des enfants surdoués et de nombreux enseignants essaient maintenant de prendre en compte leurs différences. Elle n'a cependant pas beaucoup de solutions à proposer.

Jusqu'à très récemment, la seule solution viable existant au sein de l'Ecole Publique depuis la fermeture de Las Planas a été mise en place par le collège du Cèdre au Vésinet (78), qui a mis en place des classes spécifiques, qui suivent la méthode d'enrichissement. L'Education Nationale a refusé l'utilisation de l'accélération.

Le Lycée JOLIOT CURIE de Bron a mis en place une organisation adaptée aux enfants précoces : plutôt que de créer une classe spécifique, ils ont organisés les cours afin que les enfants précoces puissent suivre ceux correspondants à leur niveau dans différentes classes. Cette méthode est extrêmement prometteuse (elle se rapproche du Streaming proposé par Chris BRAND : voir ci-après). Je ne sais pas si ce lycée la propose toujours ni si elle a été développée dans d'autres établissements.

Il reste la solution du saut de classe, qui peut être autorisé sur demande, et qui est maintenant souvent proposé par les enseignants (y compris dans l'enseignement public). Le saut de 2 classes ou plus était interdit en France mais un parent m'a signalé avoir pu contourner cette interdiction.

3.6 Qu'en est-il dans les autres pays ?

Les Grandes Puissances, quelles que soient leurs orientations politiques, ont depuis longtemps compris l'intérêt d'offrir à chaque enfant une éducation adaptée à ses besoins. C'est ainsi que des programmes spécifiques existent aux USA depuis les années 1880, et que l'URSS avait mis en place un vaste système de recrutement de surdoués sur tout le pays (contrairement aux discours officiels relayés en France par les partisans de ce Régime).

En Angleterre, la Bridgemary School, Gosport, Hampshire, a testé avec succès le streaming (voir ci-après) sur l'année 2005-2006.

3.7 Quelles sont les solutions possibles ?

Au niveau de l'Education Nationale, quatre solutions sont possibles :

  1. Autoriser les sauts de classes en fonction du QI

    • Avantages : extrêmement facile à mettre en place, et permettra une baisse du coût de l'éducation
    • Inconvénients : ne répond qu'au besoin d'accélération
  2. Créer des classes spécifiques pour les enfants surdoués (comme le fait le Lycée Privé Michelet à Nice par exemple)

    • Avantages : l'efficacité scolaire sera en hausse pour tous les enfants (et pas seulement ceux qui sont dans ces classes) sans aucun surcoût (et même une baisse de coût du fait de l'accélération)
    • Inconvénients : il est difficile de définir le niveau de QI limite, et les très hauts QI qui seront mélangés avec les enfants moins hors-normes ne bénéficieront que d'une légère amélioration
  3. Regrouper les enfants par QI

    • Avantages : la plus haute précision dans l'adaptation aux besoins des enfants
    • Inconvénients : beaucoup de classes seront à créer ce qui entraîne un surcoût
    • Remarque : une solution d'attente simple très facile à mettre en place est de mettre tous les surdoués d'un niveau dans la même classe, en informant de la situation les professeurs, mais pas les parents ni les élèves
  4. Le Streaming : permettre aux enfants de choisir eux-mêmes les cours auxquels ils veulent participer

    • Avantages : extrêmement souple, n'impose aucune rigidité, répond aux besoins multi-âges des enfants, organisation facile à mettre en place
    • Inconvénients : on peut imaginer que des difficultés se poseront à la fin de chaque cycle quand un enfant aura rempli tous les cursus disponibles dans quelques domaines, mais qu'il lui en manquera dans d'autres

3.8 Pourquoi l'Education Nationale a mis tant de temps pour faire si peu ?

Il y a évidemment de multiples raisons, et on peut citer :

  • La raison essentielle : Reconnaître l'existence même d'une différence des enfants dans leurs caractéristiques intellectuelles serait remettre en cause le mythe égalitariste qui affirme que tout le monde est identique à la naissance et n'est façonné que par son environnement (= milieu social). Ce mythe reste dominant dans le secteur éducatif, et hélas aussi dans la Presse française (voir réfutation de l'article de Duyme et al. sur ce site).

  • Les surdoués ont besoin d'enseignants eux-mêmes surdoués, hors ces derniers sont rares (ils ont souvent d'autres opportunités de carrières)

  • Il faudrait réussir à faire bouger "le Mammouth" (1 million d'employés !)

  • Etc.

4. La croissance

4.1 Quelle est l'évolution des enfants surdoués non diagnostiqués ?

Il se dit que 50% environ se retrouvent en situation d'échec scolaire à 14 ans (3ème) mais ce chiffre (très) élevé s'explique probablement par un biais d'échantillon (on teste surtout ceux qui rencontrent des problèmes).

Beaucoup vont souffrir d'une image du Moi complètement fausse, qui les fera soit s'enfermer sur eux-mêmes, soit au contraire vivre une vie complètement instable, à la recherche permanente de ce qu'ils n'atteindront jamais. Il y a un nombre important de cas dramatiques.

Dans Les Outsiders Grady Towers distingue trois stratégies utilisées par les surdoués à l'âge adulte en fonction de l'environnement dans lequel ils ont évolué :

  1. La Stratégie engagée : ceux qui ont bénéficié du bon environnement dès le départ
  2. La Stratégie marginale (double vie) : ceux qui cachent leur surdouement et développent des passions secrètes
  3. La Stratégie de la fuite : ceux qui sont les plus inadaptés

Il insiste bien sur le fait que le problème n'est pas le QI, mais l'isolement des enfants à haut QI.

Le but du diagnostic et de la mise en place de solutions éducatives adaptées est d'essayer d'éviter la stratégie de la fuite en mettant en place un environnement adapté.

A noter que l'évolution de la société mondiale va dans le sens des surdoués : Murray et Herrnstein ont démontré que le QI prédit de plus en plus la réussite sociale aux USA (The Bell Curve) et les sociétés de haute technologie américaines les recherchent particulièrement (Google, Microsoft, etc.).

4.2 Un surdoué risque-t-il de devenir fou ?

Non, pas plus qu'un autre ! (et en fait : moins...)

Cette question est souvent posée, et correspond en réalité à la confusion de sens du mot folie : maladie psychiatrique, et anormalité :

  • Au niveau psychiatrique, les surdoués ne semblent pas être plus sensibles que les autres aux différentes maladies psychiatriques, sauf peut-être aux troubles de l'humeur (dépressions unipolaires ou bipolaires). Le manque de reconnaissance des surdoués non diagnostiqués peut évidemment provoquer le stress suffisant pour faire apparaître des troubles psychiatriques, ou accroître l'intensité de ceux-ci, chez ceux qui y sont prédisposés. Cependant certains symptômes du surdouement ressemblent à ceux de pathologies psychiatriques : il faut réussir à bien les distinguer.

  • Au sens usuel du terme folie : il est évident qu'un surdoué est assez différent des non-surdoués pour que ces derniers l'accusent de folie...

Attention cependant : l'isolement, qui augmente avec le QI, produit des surdoués moins ajustés à leur environnement (voir Les Outsiders).

(Voir le Dossier dédié)

4.3 Surdouement et Asperger

Le Syndrôme d'Asperger (appelé aussi Geek Syndrome) est une forme d'autisme de haut niveau dont tellement de symptômes se retrouvent chez les hauts QI (voir : "Evopsy : Le syndrome d'Asperger et l'autisme de haut niveau" de Tony Attwood) que la question des liens entre les deux se pose. Il apparaît cependant que les deux sont indépendants : un "Aspie" (= atteint du syndrome d'Asperger) peut être (mais n'est pas nécessairement) surdoué et un surdoué peut être (mais n'est pas nécessairement) Aspie. A noter que le Syndrome d'Asperger semble potentialiser le surdouement : beaucoup de grands scientifiques (mais pas tous !) étaient les deux.

Si un enfant ou adulte présente suffisamment de symptômes d'Asperger comme décrits par Tony Attwood, il est important de le faire tester. Mais d'après les recherches sur les sites spécialisés, les auteurs insistent plus sur le risque de ne pas reconnaître le surdouement chez un Aspie, que de ne pas diagnostiquer Asperger chez un surdoué.

4.4 Que faire si à l'âge adulte on se retrouve dans ces symptômes ?

Là encore, la 1° chose à faire est de se faire tester, afin de valider l'hypothèse.

Le cas échéant, il convient ensuite de rencontrer des gens ayant vécu la même expérience (apprendre enfin qu'on n'est pas seuls), par l'inscription dans une association spécialisée, les plus connues étant :

  • Mensa pour les 2 et plus (QI ≥ 130, soit top 2%)
  • Triple Nine Society pour les 3 et plus (QI ≥ 145, soit top 1/1 000)
  • Promotheus pour les 4 et plus (QI ≥ 160, soit top 1/31 000)

Un travail psychologique sera alors peut-être à engager (selon si on a bien ou mal vécu son enfance), qui gagnera à être soutenu par un psychologue.

On a constaté que beaucoup alors changeaient d'orientation professionnelle, reprenaient leurs études, etc. : bref ils revivaient sur de nouvelles bases.

5. Informations pratiques

5.1 Où passer les tests ?

En France les tests se passent auprès d'un psychologue diplômé : les associations spécialisées peuvent vous en conseiller.

En France également, pour limiter les coûts, il est possible de les passer auprès du psychologue de l'établissement scolaire, ou de les passer auprès des CMP (Centres Médico-Psychologiques) ou CMPP (Centres Médico-Psycho-Pédagogiques) locaux (renseignement dans l'annuaire ou à l'hôpital).

Il est essentiel de s'assurer qu'un compte-rendu écrit, avec les résultats et les conclusions, sera remis aux parents.

5.2 Comment choisir un psychologue ?

Voir page dédiée sur ce site.

5.3 A qui s'adresser pour obtenir des informations complémentaires ?

Il existe en France plusieurs associations spécialisées importantes : MENSA FRANCE, AFEP, ANPEIP, JEUNES VOCATIONS, IAS, AAREIP,....

6. A lire en complément

Il est recommandé de lire d'abord :

Puis d'aller plus loin sur le QI et l'intelligence en lisant les deux FAQ dédiées :

  • FAQ QI : Qu'est-ce que le QI ? Sa validité ? Comment est-il construit ? etc.
  • FAQ Intelligence : Ce que l'on sait de l'intelligence.

Et de lire en complément les pages dédiées aux THQI (QI > 145) même si vous n'êtes pas concernés :

Extrait du sommaire du site Douance :

Historique des versions

Date Description
8 Juillet 2023 Complément à 1.2 Est-ce grave ? : Ajout Brown, Wai, & Chabris (2021) sur l'inexistence d'un effet plateau
13 avril 2023 Orthographe et style
18 mars 2023 Compléments à 1.2 Est-ce grave ? : Ajout Lavrijsen et al. (2023) sur le biais d'échantillon
6 février 2023 Compléments
1 février 2023 Mise à jour lien 7 mythes du QI
15 août 2016 Compléments et Ajout Sommaire
1997-2016 Multiples mises à jour...
janvier 1997 1ère mise en ligne

Notes


  1. Traduction depuis :

    "Adolescents labeled as gifted reported lower global self-esteem and higher levels of emotional problems, worry, and hyperactivity/inattention than their non-labeled peers, whereas levels of conduct problems were not statistically distinguishable between both groups. Similarly, parents of adolescents labeled as gifted reported higher levels of emotional problems and conduct problems than parents of non-labeled adolescents; levels of hyperactivity/inattention were not statistically distinguishable between both groups."
    Lavrijsen et al. (2023)[^lavrijsen]

  2. Traduction depuis :

    "We empirically tested these notions using data from four longitudinal, representative cohort studies comprising 48,558 participants in the United States and United Kingdom from 1957 to the present. We found that ability measured in youth has a positive association with most occupational, educational, health, and social outcomes later in life." Brown, Wai, & Chabris (2021)