FAQ Intelligence

Philippe Gouillou - 1 juillet 2000 - Mise à jour : 17 mars 2023 -https://douance.org/qi/intelligence.html
On ne sait pas définir l'intelligence : si tout le monde s'accorde à peu près sur ce qu'elle est, aucune définition n'arrive à être complète sans être auto-contradictoire. Aussi les scientifiques s'intéressent à l'intelligence générale qui elle est précisément définie, et qui correspond de plus au sens usuel du terme intelligence.

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Sommaire

  1. Définition de l'intelligence
  2. Intelligence générale et Facteur g
  3. Intelligence Générale et hérédité
  4. Les différences sexuelles de QI
  5. Les différences régionales de QI
  6. Augmenter (ou baisser) l'intelligence
  7. L'influence du milieu social
  8. Sommes-nous de plus en plus intelligents ?
  9. Pour en savoir plus
  10. Historique des versions

Disclaimer

L'intelligence est un sujet particulièrement complexe, et pas seulement parce qu'elle est difficile à définir. Il apparaît en effet que nous vivons une époque où le mythe de l'intelligence en tant que critère universel de jugement de valeur d'une personne est extrêmement puissant : on peut dire qu'une personne est moins belle qu'une autre, ou moins riche ou moins chanceuse, mais pas qu'elle est moins intelligente.
J'espère que cette page permettra à chacun de revenir à une vision plus saine : l'intelligence n'est qu'une des caractéristiques d'un individu, parmi de nombreuses autres, caractéristique qui n'est ni la plus importante ni la plus "humaine".

Tout ce qui est écrit ci-après doit donc être pris avec la plus grande prudence, n'être considéré que comme des éléments d'aide à la réflexion (et pas comme des "vérités"), et ne donner lieu à aucune généralisation hâtive.

Présentation

Cette page est complémentaire à la FAQ Douance et à la FAQ QI qui sont à lire préalablement.

Remarque : Les termes employés sont expliqués dans le Dictionnaire.

1. Définition de l'intelligence

1.1. Qu'est-ce que l'intelligence ?

Si tout le monde a une idée globale de ce qu'est l'intelligence, aucune définition valide n'en a encore trouvée, il s'agit d'un terme trop flou et toutes les définitions proposées à ce jour buttent sur des contradictions internes (exemple : si on définit que l'intelligence aide à l'adaptation à (ou de) l'environnement alors on ne peut expliquer pourquoi les surdoués sont inadaptés).

Aussi les spécialistes ont défini l'intelligence générale et, sauf précision contraire, c'est à elle qu'ils se réfèrent quand ils parlent d'intelligence :

"L'intelligence, aussi appelée fonction cognitive générale ou simplement g, décrit la variance partagée existant entre plusieurs mesures de capacité cognitives. Dans une population présentant des différences de capacités cognitives, l'intelligence explique environ 40% de la variance entre les individus aux scores à différents tests cognitifs."
Hill et al. (2018)1

De même que sur un grand nombre de personnes, on trouve une corrélation positive entre la force du bras droit et celle du bras gauche, ne serait-ce qu'à cause de l'âge (il existe une "force générale"), on trouve une forte corrélation positive entre les différentes formes d'intelligence (il existe une "intelligence générale").

Ce facteur général d'intelligence (le Facteur g aussi noté directement "g") n'est pas une spécificité humaine, mais apparaît très influent dans notre espèce : il explique chez nous en moyenne 40% à 50% de la variance, contre seulement 2% chez les chiens (voir sur Douance : Le QI des chiens).

En conséquence directe, l'intelligence générale mesurée par le QI correspond bien à ce qu'on entend par intelligence au sens usuel du terme : si vous interrogez un grand nombre de personnes sur ce qu'est l'intelligence pour eux, et construisez un test en fonction de leurs réponses, ce test sera corrélé avec les tests de QI standards2)

1.2. Historiquement quelles ont été les approches de l'intelligence ?

Quand la psychologie s'est définie en tant que Science et s'en est donnée les outils (fin du XIX° siècle) la première approche de l'intelligence a été de trouver une mesure de temps de réaction à des stimuli simples (Sir Francis GALTON, 1822-1911, demi-cousin de C. Darwin). Aucun résultat probant n'a été trouvé à cette époque.

La première réussite a été celle de Binet (France, 1904) qui pour définir son test, s'est basé sur la constatation qu'il n'y a qu'une seule caractéristique de l'intelligence humaine sur laquelle tout le monde s'accorde : "elle s'accroît pendant l'enfance (au moins jusqu'à la mi-adolescence) sans que cet accroissement ne nécessite aucune acuité sensorielle exceptionnelle, ni aucune éducation spécifique" (Chris Brand qui se réfère à Matarazzo).

Les tests ont traversé l'Atlantique et leur analyse statistique (analyse factorielle) a permis à Spearman3 de préciser un Facteur g (pour intelligence générale) qui explique 80% de l'intelligence mesurée dans les tests. Dans les années 30, CATTELL (né en 1905, UK puis USA) a décomposé ce g en g fluide (qui décroît avec l'âge) et g cristallisé qui reste stable (ils se rapprochent respectivement des tests "de performance" et "verbaux" de Wechsler).

Par la suite, l'utilisation de l'analyse factorielle a permis à différents chercheurs de distinguer de multiples facteurs de l'intelligence (de 3 à 150), mais à ce jour aucune approche n'a permis de remettre en cause le Facteur g (tous les facteurs trouvés finissent par être corrélés avec g, d'autant plus fortement qu'ils approximent le mieux l'intelligence). Le Facteur g correspond à une caractéristique biologique de l'être humain (comme sa taille, par exemple).

De nos jours, on revient à la mesure des temps de réaction à des stimulis simples : la précision des mesures a permis de découvrir des très fortes corrélations QI/IT (Inspection Time). Chris BRAND (connu pour ses recherches dans ce domaine) écrit :

"Les haut QI ne se caractérisent pas par la vitesse à laquelle ils réagissent à un stimulus, ou prennent des décisions, ou mettent en place des réponses dans la vie réelle ; mais ils sont clairement plus rapides à extraire les informations les plus élémentaires du monde."
The g Factor, p 77

Ces différents points sont détaillés ci-après.

1.3. Existe-t-il une ou de multiples intelligences ?

Au sens usuel du terme, il existe de multiples formes d'intelligence : intelligence logique, sociale, pratique, etc., etc.

Le point essentiel est que toutes ces différentes intelligences sont fortement inter-corrélées, au point que le Facteur g en explique une grande partie, aucune intelligence indépendante de g n'a encore été trouvée. Il existe donc bien UNE intelligence générale, qui influence fortement de multiples intelligences.

Au niveau scientifique, le résultat à un test cognitif dépend à la fois du Facteur général (g) et de facteurs spécifiques à ce test (s). Selon le test, le Facteur g explique entre 25% et 66% de la variance.

L'image des Processeurs va permettre de clarifier cette relation.

1.4. Qu'est-ce que l'intelligence émotionnelle ?

Parmi ses multiples intelligences, Howard Gardner en avait distingué une qui a connu un grand succès marketing : l'intelligence émotionnelle, qui serait liée aux relations avec les autres, serait "mesurable" par le QE (Quotient Emotionnel), et prédirait plus que le QI l'avenir professionnel et sentimental. Une étude de 20044 a trouvé qu'en fait l'Intelligence Emotionnelle correspond à un mix de g et de la personnalité, ce qui n'en fait pas une intelligence à part étudiable en tant que telle.

1.5 Les différences liées à l'intelligence sont-elles continues ?

Un plus haut QI permet une plus grande liberté en offrant l'accès à plus de possibilités : les Haut QI présentent plus de variation que les bas QI, qui sont eux limités.

Selon les critères étudiés, l'augmentation du QI peut avoir un effet continu ("plus est mieux"), un effet plafond (ou "plateau" : atteinte d'un maximum qui ne sera pas dépassé quelque soit le QI), ou au contraire un effet de seuil (plus forte augmentation à partir d'un niveau) qui peut aller jusqu'à un effet de "marche d'escalier" (un certain niveau est nécessaire pour permettre l'apparition d'une caractéristique).

Par exemple :

  • Arneson, Sackett & Beatty (2011) ont trouvé qu'il n'y a pas d'effet plafond du QI pour la performance professionnelle, mais qu'au contraire cette dernière augmente de plus en plus avec le QI (la courbe est de plus en plus verticale)5.

  • A l'opposé, Jauk et al. (2013) ont trouvé un effet plafond pour la créativité, mais seulement quand celle-ci n’est pas prise dans sa globalité :

    Ils ont trouvé trois seuils de QI (85, 100 et 120) pour trois différents types de créativité à partir duquel la créativité augmente moins avec le QI, mais n’ont pas trouvé de seuil pour la mesure globale au test ICAA (“Inventory of Creative Activities and Achievements”).
    Lettre Neuromonaco 91

Pour les Très Haut QI (plus de 145 en QI standard), il apparaît qu'il existe un seuil aux alentours de 150 : ceux qui dépassent ce seuil montrent un fonctionnement cognitif plus différent que la différence de points le laisserait supposer.

2. Intelligence Générale et Facteur g

2.1. De quoi est constitué le cerveau

Pour comprendre facilement ce qu'est l'intelligence générale, nous allons partir d'une image très simple du cerveau : nous allons le représenter sous la forme d'un ensemble de processeurs spécialisés inter-reliés. Il y a ainsi un processeur de la gestion de l'espace, un processeur du langage, etc. (remarque : on emploie généralement le mot "module" à la place du mot "processeur").

Cette image est loin d'être parfaite : tout d'abord il apparaît que la destruction d'un module n'entraîne pas forcément la perte de la compétence associée (d'autres parties du cerveau peuvent prendre le relais), ensuite le lien module-compétence n'est pas universel (par exemple les femmes utiliseront des modules dans les deux hémisphères pour le langage, tandis que les hommes utiliseront surtout des modules de l'hémisphère gauche).

Cependant cette image permet d'expliquer l'évolution du cerveau à travers les âges, les différences de compétences entre différentes personnes, etc.

2.2. Le cerveau en tant qu'ordinateur

Et cette image permet aussi de comparer le cerveau à un ordinateur6 composé de plusieurs processeurs spécialisés :

  • Un ordinateur comprend un processeur central, un processeur de calculs, un processeur d'entrées/sorties (E/S), un processeur graphique, etc.

  • La puissance d'un processeur dépend :

    • de sa génération (sa date de conception qui jouera notamment sur sa vitesse)
    • de son optimisation (deux processeurs de même génération n'auront pas forcément la même puissance)
  • Chaque processeur peut être plus ou moins puissant : un graphiste choisira un ordinateur avec un processeur graphique plus puissant qu'un analyste financier, qui préfèrera investir sur un meilleur co-processeur de calculs

  • Bien sûr un ordinateur peut avoir systématiquement les meilleurs processeurs, mais ça coûte cher et est le plus souvent inutile

  • Mais on choisit généralement un ordinateur équilibré : il ne sert à rien d'avoir un processeur de calculs très rapides si le processeur d'E/S est très lent. A vrai dire, cela est naturel : les composants d'un ordinateur sont le plus souvent de la même génération

Imaginons maintenant que l'on fasse des tests de performances (composés d'items testant chaque processeur) sur un grand nombre d'ordinateurs. On constatera :

  • Que les ordinateurs diffèrent globalement (synthèse de tous les items) entre eux en termes de performances

  • Que les résultats d'un ordinateur à un item sont en moyenne assez proches de ceux qu'il obtiendra aux autres items : les différents processeurs sont de même génération

  • Qu'il arrive néanmoins fréquemment qu'un ordinateur montre des résultats très différents à différents items : il comporte un ou plusieurs processeurs plus puissants

Il suffit donc de remplacer Processeur par Module, Items par Subtests ou Items et Résutat global par QI pour commencer à mieux comprendre ce que mesure le QI.

2.3. Qu'est-ce que le facteur g ?

Nous avons prédit que les résultats d'un ordinateur aux différents items seront en moyenne assez proches : en termes statistiques on mesure cette proximité moyenne par la Corrélation, on dit que les résultats sont corrélés entre eux (ou inter-corrélés).

En analysant plus précisément on peut aussi prédire que certains tests seront plus intercorrélés que d'autres : par exemple on peut imaginer que les tests mesurant le processeur d'Entrée/Sortie seront plus corrélé avec ceux du processeur central qu'avec ceux du processeur graphique. A l'idéal, certains tests seront corrélés à 1, c'est-à-dire que le résultat d'un test prédit exactement le résultat de l'autre. En réalité ce n'est bien sûr que très rarement le cas. Mais pour simplifier les analyses, on peut regrouper ces différents tests entre eux : si la corrélation est de 1 entre deux tests, on ne perd aucune information en les rassemblant, si la corrélation est suffisamment élevée, alors la perte n'est pas trop importante. Nous dirons alors que des tests nous sommes passés à des Facteurs de niveau 1 qui les décrivent presque aussi bien (la perte est mesurée). On peut ensuite poursuivre le processus et regrouper ces Facteurs de niveau 1 en Facteur(s) de niveau 2, etc., jusqu'à ce qu'il ne reste qu'un seul Facteur appelé Facteur Général.

Dans les études sur le QI, on s'est aperçu qu'il suffit de 2 ou 3 niveaux de facteurs, quels que soient les tests, pour atteindre le Facteur général. Cette propriété surprenante fait que Spearman lui a donné un nom particulier : le Facteur g7.

2.4. Quelle est la validité du facteur g ?

Selon ce qui est mesuré, le Facteur Général sera plus ou moins fiable dans la description des résultats aux tests. Plus les tests sont intercorrélés, moins l'analyse par Facteur ne provoque de perte d'information, et plus le Facteur Général est fiable.

En psychométrie, sur l'analyse du QI, le Facteur g offre une fiabilité d'environ 70%, c'est-à-dire qu'il n'y a que 30% de perte d'information. C'est un résultat extrêmement important, et cela justifie l'importance accordée au Facteur g.

2.5. Qu'est-ce que l'Intelligence Générale ?

Les scientifiques ont tout simplement donné le nom d'Intelligence Générale à ce que à quoi correspond le Facteur g et qui est approximé à environ 70% par les tests de QI.

RAPPEL : par facilité de langage, les scientifiques emploient le plus souvent le terme "intelligence" sans préciser qu'en fait ils se réfèrent à l'"Intelligence Générale". Leurs discours doivent bien être compris en tenant compte de cette simplification de langage.

2.6. A quoi correspond le Facteur g?

Dans notre image de l'ordinateur, nous pouvons chercher à analyser à quoi correspond le plus le Facteur Général. On s'apercevra peut-être qu'il correspond à 50% à la vitesse d'horloge du processeur (= le chiffre en Hertz après le nom d'un processeur). Seulement 50% de l'explication est trouvée, mais c'est déjà ça.

C'est à cette situation que les chercheurs en sont en psychométrie : 50% du Facteur g est expliqué par la vitesse de propagation du flux nerveux, dont on sait maintenant qu'il est en partie lié au taux de myélination du cerveau. Pour le reste : on ne sait pas encore.

2.7. Peut-on décomposer le Facteur g ?

Voir le Graphique de Chris Brand

Chercher à décomposer le Facteur g peut se faire de deux manières :

  • Soit en retenant les Facteurs du niveau juste inférieur au Facteur Général. Pour que cette approche soit valide, il faut que ces facteurs se retrouvent identiques à chaque enquête

  • Soit en trouvant des Facteurs qui ne sont pas corrélés à g

Actuellement, de toutes les tentatives de recherches des sous-composantes de g, seule celle de Cattell a été retenue. Il détaille le g Fluide (qui correspond à une intelligence d'origine indépendante des connaissances acquises) du g cristallisé qui prend en compte les connaissances. A partir d'environ 25 ans, le g Fluide décroît, mais jusqu'à environ 55 ans le g Cristallisé permet de conserver le niveau global de g. Le problème est cependant que le gF (Fluide)... est très fortement corrélé avec g... (Lire A.R. Jensen)

Toutes les autres approches ont échouées, le plus souvent parce que les Facteurs obtenus étaient fortement corrélés à g.

Pour comprendre les relations entre les différents g, voir le graphique de Chris Brand sur ce site.

2.8. Le facteur g est-il universel ?

Cette décomposition hiérarchique de l'intelligence, avec un facteur général (g) expliquant une partie des résultats à des tâches cognitives différentes apparaît ne pas être réservé aux humains, mais se retrouve chez la souris, probablement chez le chimpanzé, et aussi chez le chien : voir sur Douance : Le QI des chiens

2.9. Qu'avons-nous oublié ?

Dans notre image sur l'ordinateur, nous avons complètement mis de coté un aspect essentiel : le logiciel système d'exploitation : certains logiciels seront plus gourmands en ressources que d'autres, et conséquemment moins rapides. Une différence de système d'exploitation (OS) va donc fausser les résultats, et tous nos tests de performances des ordinateurs s'écroulent. Les tests sont donc faits sur des ordinateurs avec le même OS : Le problème ne se pose pas. Mais pour le QI, n'y-a-t-il pas des éléments ressemblants qui pourraient avoir le même effet chez les humains ?

Oui : la culture.

On ne peut évidemment pas mettre tout le monde au même niveau de culture avant de passer les tests : le biais est donc obligatoirement présent. Mais, le sachant, on peut le gérer :

  • Soit en créant des tests qui apparaissent non influencés par la culture

  • Soit en étudiant les différences entre les tests fortement dépendants de la culture, et ceux en dépendant moins

On peut bien évidemment aussi utiliser d'autres méthodes, comme l'Inspection Time pour mesurer le QI (voir FAQ QI)

2.10. En résumé, que mesure le QI ?

Le QI cherche à mesurer l'Intelligence Générale, c'est-à-dire le Facteur g, c'est-à-dire une Caractéristique Biologique du cerveau.

Il ne s'agit pas d'une mesure directe (comme on peut mesurer directement la taille de quelqu'un avec un mètre), mais d'une mesure indirecte (comme si on mesurait la taille de quelqu'un en se référant à son ombre sur un sol inégal) : la mesure n'est donc pas parfaite. Mais, avec l'avancement des tests, on estime la fiabilité des tests de QI comme supérieure à 70%, ce qui n'est pas mal.

De même le résultat obtenu n'est pas un absolu, mais une mesure relative aux autres : c'est comme si on ne donnait pas la taille de l'arbre en mètre, mais en comparaison avec les autres arbres (cet arbre est dans les 3% plus grands, etc.)

2.11. En résumé, quelle est la relation entre Intelligence Générale (Facteur g) et intelligence ?

Pour simplifier, on peut reprendre l'image de la force physique :

  • L'intelligence correspond à la force physique

  • L'intelligence générale (le Facteur g) correspond à une caractéristique biologique des muscles

Ceux qui bénéficient d'une plus grande quantité de cette caractéristique biologique seront globalement plus forts que les autres, mais l'âge, l'entraînement, la maladie, l'alimentation, l'état psychologique, etc. peuvent impacter en plus ou en moins sur cette force. Cependant, mesurer cette caractéristique musculaire suffit à avoir une très bonne approximation de la force potentielle de l'individu, comme mesurer le Facteur g suffit à avoir une très bonne approximation de l'intelligence que peut atteindre un individu.

3. Intelligence Générale et hérédité

3.1. Le Facteur g est-il héréditaire ?

Oui : pas absolument bien sûr, mais plus que les autres caractéristiques biologiques. Quand on considère qu'en moyenne 50% de la variance d'un comportement ou d'une caractéristique est héréditaire, les différents chercheurs ont trouvé un taux supérieur à 60% en ce qui concerne le Facteur g.

3.2. "Héréditaire" signifie-t-il d'origine biologique ?

Non pas exactement : il faut prendre en compte le prénatal, donc l'environnement, dont les gènes de la mère et les conditions de vie pendant la grossesse. Cependant dans toute cette page nous parlons bien d'hérédité biologique et pas d'éducation.

3.3. Les compétences (modules) sont-elles héréditaires ?

Encore oui, même si le chiffre n'est pas encore déterminé précisément (en toute logique ça doit dépendre de chaque module).

Il est très facile de s'en apercevoir : la course en Formule 1 (voitures) demande un module de la gestion du mouvement extrêmement développé. On constate tout d'abord que très peu de femmes sont bonnes en course automobile (ce module est en moyenne moins développé chez elles) et ensuite qu'il y a des "familles" de pilotes : les deux frères Schumacher, le père et le fils Villeneuve, etc.

3.4. Peut-on en déduire que certaines familles seront plus "douées" que d'autres dans un domaine particulier ?

Tout à fait. Ce que l'on retrouve dans le sport automobile existe également dans d'autres sports, et également dans les compétences intellectuelles.

3.5. Un enfant de surdoués est-il toujours surdoué ?

Non, même si les chances sont supérieures.

Tout d'abord parce que toute caractéristique exceptionnelle chez un parent aura tendance à être moins exceptionnelle chez ses enfants : c'est la régression vers la moyenne.

Ensuite se pose la question du nombre de gènes impliqués : s'il y en a énormément, alors une mutation de tous ces gènes dans le même sens en même temps serait très rare, et les enfants auraient dans l'immense majorité des cas un QI proche de celui de leurs parents (avec régression vers la moyenne) ; si quelques gènes peuvent avoir un effet important, alors une mutation est beaucoup plus probable, et le QI des enfants peut être beaucoup plus variable

Il apparaît que si de très nombreux gènes sont impliqués dans l'intelligence humaine, certains ont un effet important pour les QI supérieurs à 100, et une mutation de ces gènes majeurs peut entraîner une forte variation du QI des enfants :

"Les couples dont le QI est inférieur à 105 ont presque 100% d'enfants dont le QI se situe dans la même fourchette, c'est-à-dire en dessous de 105.
Les enfants des couples dont le QI est compris entre 104 et 124 se répartissent dans le rapport numérique 25% : 50% : 25% dans les fourchettes suivantes : QI inférieur à 105, QI compris entre 104 et 124 et QI de 124 et plus.
Les enfants de couples dont l'un des parents a un QI supérieur à 124 et l'autre inférieur, se répartissent dans un rapport de 50% à 50% entre les deux fourchettes.
Cela signifie que : Une hypothèse de gène majeur très simple, un locus à deux allèles, explique déjà environ 80% de la dispersion de la mesure d'héritabilité, la variance de l'héritage, du QI. Derrière cela, il y a des centaines et des milliers de petits effets secondaires, cela ne fait aucun doute. Cependant, j'ai déjà écrit dans ma thèse (et dans toutes les publications ultérieures, voir Weiss 2012) qu'il pourrait également s'agir des effets d'une série de polyallèles dans laquelle les effets de plusieurs ou de nombreux allèles s'additionnent (Weiss 2019b)."
Volkmar Weiss (2020, p 20)8

3.6. Un enfant de débile peut-il être surdoué ?

Conséquence du point précédent : oui. Contraposée : avoir un enfant surdoué n'implique pas nécessairement qu'on l'est soi-même...

Et Volkmar Weiss (2020, p 13) remarque :

"à chaque génération, la plupart des personnes surdouées ne proviennent pas des mariages entre surdoués, mais de mariages de la classe moyenne"

Voir ci-après : 4.6 Les plus intelligents ont-ils plus d'enfants ?

3.7 Les plus intelligents ont-ils plus d'enfants ?

Non, au contraire : il y a actuellement une corrélation négative entre le QI et le nombre d'enfants.

Par exemple, Meisenberg, G. (2010)9 a trouvé une corrélation négative de -.156 chez les femmes blanches, -.069 chez les hommes blancs, -.235 chez les femmes afro-américaines et -.0280 chez les hommes afro-américains10 :

Meisenberg (2010)

Ron Guhname11 a confirmé ce résultat en calculant le QI moyen par nombre d'enfants à partir de la General Social Survey12 (sur 26 388 Américains, immigrants non compris pour éviter les problèmes de langue lors des tests), et a bien trouvé l'effet Idiocracy (du nom du film) :

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12+
101.4 101.2 100.2 98.4 97.1 95.2 94.2 93.0 91.7 90.8 89.6 88.8

James Bowery a représenté ces résultats graphiquement :

On peut remarquer que si auparavant avoir moins d'enfants pouvait augmenter leurs chances de survie, et donc être positif pour son fitness à long terme (à plusieurs générations), la mise en place des Etats-Providences a renversé cette tendance.

4. Les différences sexuelles de QI

4.1. Le Facteur g est-il lié au sexe ?

Oui, il y a bien de fortes variations de QI en fonction du sexe, mais on ne sait pas encore si cela est du à des différences d'Ecart-Type ou de Moyenne :

  1. Différence sexuelle d'Ecart-Type :

    De nombreuses études ont trouvé que le Facteur g des femmes est moins variable que celui des hommes (il y a plus de surdoués et de débiles chez les hommes que chez les femmes) : l'écart-type est de 14,25 chez les femmes et 15,75 chez les hommes (voir page statistiques du QI pour les calculs).

    Pour le visualiser, James Thompson a repris les résultats présentés par Ian Deary en 2013, et a présenté les proportions d'hommes et de femmes à chaque niveau de QI13 :

  2. Différence sexuelle de moyenne :

    Plusieurs études de Richard Lynn sont cependant venues remettre en cause de façon sérieuse cette approche. Ils n'ont pas trouvé de différence d'écart-type, mais une différence de moyenne, qu'ils expliquent par les différences de croissance :

    • En 2004 Colom et Lynn14 ont trouvé que le rythme de développement des garçons et des filles faisait varier l'écart entre les deux sexes, et qu'à partir de 16 ans les garçons dominent d'entre 4 et 5 points de QI. Voir sur Evopsy : "QI : les filles sont plus mûres mais ça ne dure pas"

    • Toujours en 2004, Lynn et Irwing15 ont confirmé cette différence de développement et cet écart au travers d'une méta-analyse d'études précédentes.

    • En 2021, pour son dernier livre, Richard Lynn a analysé des dizaines d'études et trouvé que la différence de moyenne dépend de l'âge : elle n'apparaît qu'à partir de 16 ans, et monte jusqu'à 4 points en faveur des hommes à partir de 21 ans. Il l'explique par les différences de développement sélectionnées par l'évolution.
      Voir la page dédiée au livre : [Différences sexuelles de QI](lynn-2021-differences-sexuelles-qi.html

  3. Les deux à la fois ?

    En analysant la NLSY97, qui rassemble les plus de 15 millions de 12-17 ans vivant aux USA en 1997, Helmut Nyborg (2015)16 a trouvé qu'il y a bien une différence de moyenne entre les sexes mais aussi une différence d'écart-type, et que les chiffres varient en fonction de l'origine ethnique, comme par exemple chez les 17 ans : center twothird
    ce qui montre qu'il y a au global 3,5 fois moins de femmes à QI de 145 que d'hommes : center twothird
    mais il a aussi trouvé que la moyenne et l'écart-type varient entre les deux sexes en fonction de l'origine : center twothird

4.2. Les blondes sont-elles connes ?

Non ! Il semble que ce mythe provienne des immigrants aux USA du milieu du XX° siècle qui ont été surpris par la libération des femmes (plus souvent blondes que là d'où ils venaient) et l'ont critiquée ainsi au travers des media.

Il me semble que ce mythe n'existe encore que parce qu'il est totalement antiraciste (antiblancs) : seules les personnes d'origine européenne sont blondes... On remarque d'ailleurs que dans les films le méchant est quasiment toujours le plus blond.

Voir Evoweb : Le QI des blondes

4.3. L'orientation sexuelle a-t-elle un impact sur l'intelligence ?

Les études montrent que les hommes et les femmes homosexuel(le)s ont des résultats qui les situent entre les hommes et les femmes hétérosexuel(le)s aux tests cognitifs marqués sexuellement (i.e. : où les hommes et les femmes montrent des résultats moyens significativement différents). Ces études ont permis de montrer l'influence du prénatal sur l'orientation sexuelle.

4.4. Les grosses têtes sont-elles plus intelligentes ?

Oui (en moyenne), ça surprend mais il existe bien une corrélation positive (+0,40) entre la taille de la tête et l'intelligence.

4.5. L'intelligence est-elle sexy ?

Pas vraiment... La sapiosexualité (fait d'être attiré sexuellement par l'intelligence du partenaire) est souvent citée17, mais elle semble rare.

Les études ont trouvé l'intelligence de l'homme augmente ses succès auprès des femmes, qui la détectent notamment au travers de l'humour (ex: Greengross & Miller, 2011). Cependant, Penke et al. (2015) ont trouvé que les femmes ne valorisent l'intelligence des hommes que pour les relations à long terme, et encore seulement après que l'extraversion et la beauté de l'homme aient été prises en compte :

"Les hommes comme les femmes ont pu correctement juger l'intelligence et l'extraversion, mais pas les autres composantes du Big Five, à partir des vidéos. Le Facteur g mesuré n'avait pas d'effet sur l'attractivité pour des relations à court terme, mais un petit effet positif sur l'attractivité pour des relations à long terme, mais seulement après contrôle de l'extraversion et de la beauté jugée indépendamment. Au global, nous n'avons pas trouvé de support pour l'hypothèse que l'intelligence serait sexuellement attractive pour les femmes lors des premières rencontres, et un support limité pour l'hypothèse qu'elle augmenterait l'impression initiale du potentiel pour une relation romantique à long terme."
Penke et al. (2015)18

Le problème ne se pose pas que pour les hommes. Ainsi, une étude récente de Karbowski et al., 2016 (présentée sur Evopsy : Speed dating : Intelligence vs Beauté) a trouvé que l'intelligence est négative pour les femmes : si dans leur étude l'intelligence des hommes a pu compenser leur manque de beauté, l'intelligence des femmes a été pour elles un "economic bad" qui devait être compensé par plus de beauté. Malgré ses limites (voir Evopsy), cette différence sexuelle semble solide.

L'intelligence reste cependant le critère le plus influent dans le choix d'un(e) époux(se), selon l'adage "qui se ressemble s'assemble" : la corrélation entre le QI de chacun des époux est en moyenne de 0,40 (aucune autre caractéristique n'offre un tel taux).

En résumé : l'intelligence n'attire qu'à la condition qu'elle soit la même que la sienne, il s'agit d'une contrainte, pas d'un attrait...

Voir ci-dessus : 3.7 Les plus intelligents ont-ils plus d'enfants ?

5. Les différences régionales de QI

5.1. Existe-t-il des différences entre les groupes ethniques humains ?

Oui. Après plus d'un siècle de recherches, qui ont fait du QI l'outil le plus fiable des sciences humaines, on sait au delà de tout doute scientifique qu'il existe bien des différences stables de moyenne, d'écart-type et/ou de type d'intelligence (e.g. : verbal vs performance) entre des groupes humains définis en fonction de l'origine. Par exemple, on a découvert que les aborigènes d'Australie étaient meilleurs en repérage dans l'espace que les autres habitants et Helmut Nyborg (2015)[^nyborg] a trouvé des différences de moyenne et d'écart-type chez les adolescents américains (voir les courbes ci-dessus à : 4.1 *Le Facteur g est-il lié au sexe ?).*

5.2. Peut-on en déduire qu'il existe des peuples de génies et des peuples d'imbéciles ?

NON. Cette erreur est fréquente, et dangereuse. En réalité la différence à l'intérieur d'un groupe est beaucoup plus importante que la différence entre les groupes. Même si vous trouvez deux groupes ethniques avec 30 points d'écart moyen de QI, chacun de ces groupes comportera des individus qui montreront plus de 100 points d'écart : la différence moyenne est donc négligeable.

Pour bien comprendre cela il suffit de comparer la différence d'intelligence moyenne entre les groupes avec la différence de taille moyenne entre les hommes et les femmes. Les hommes sont en moyenne 20% plus grand que les femmes. Mais beaucoup de femmes sont plus grandes que beaucoup d'hommes : il y a chevauchement (overlap). Donc si vous avez un rendez-vous avec un inconnu dont vous ne connaissez que le sexe masculin, vous pouvez parier que votre contact sera plus grand que les femmes autour de lui. Mais vous avez néanmoins un risque important de perdre votre pari.

Voir les Bases Éco 12 : Bayes et le grand nombre et 17 : Qu’est-ce qu’être normal ? publiées dans Monaco Business News.

5.3. Quels sont les chiffres moyens ?

  • Africains d'afrique noire : entre 70 et 80 (l'écart-type serait plus grand)

  • Afro-américains : 85 (en moyenne : 15 à 20% de métissage)

  • Africains du nord (Berbères et Arabes principalement) : entre 85 et 90

  • Européens et Américains d'origine européenne : entre 95 et 100

  • Extrême-orientaux (Asie du nord-est) et Asian-americains (même origine) : 105 à 110 (l'écart-type serait plus petit)

  • Ashkénazes (Juifs d'Europe centrale) : 112 à 115 (fort avantage en QI verbal)

Et bien sûr les différences sont beaucoup plus importantes aux extrêmités (Weiss et al., 2010, doi:10.1016/B978-0-12-375035-8.10004-7):

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5.4. Comment explique-t-on ces différences ?

Des pressions sélectives différentes, combinées avec le hasard, permettent d'expliquer cette marque de la bio-diversité humaine : voir ci-après la section #8.

5.5. S'agit-il d'un biais du QI ?

On entend souvent que ces différences sont la "preuve" que le QI est biaisé à l'encontre de certaines populations. Ces accusations ont été tellement virulentes que la validation du QI a mobilisé énormément de chercheurs et que l'on dispose maintenant d'un nombre impressionnant d'études. On peut affirmer que le QI n'est pas biaisé à l'encontre de quelque population que ce soit.

5.6. Pourra-t-on gommer ces différences ?

Beaucoup pensent que les différences entre les Africains et les autres populations pourraient être atténuées rapidement par une meilleure alimentation et des meilleures conditions de vie (e.g. : meilleurs traitements médicaux) des enfants Africains. Les études montrent cependant que l'effet, non négligeable, ne serait pas suffisant au niveau du QI à court terme (par contre il serait important au niveau de la qualité de vie !!!). L'impact à long terme n'est pas bien connu.

5.7. La psychométrie est-elle une science raciste ?

Voilà bien l'accusation dont elle souffre le plus ! La réponse est NON !

Le racisme ne consiste pas à reconnaître l'utilité pratique de regroupements flous sur l'origine, mais de baser sur ces regroupements des politiques ou attitudes discriminatoires (dans un sens ou dans l'autre). Or la science ne s'occupe pas de dicter les choix politiques : elle ne peut donc être raciste19.

Voir : Evoweb : Races, racisme et Evopsy

5.8. Pourquoi alors accuse-t-on la psychométrie de racisme ?

Cela semble à l'origine du à la confrontation de deux facteurs : les résultats scientifiques obtenus par la psychométrie, et l'agenda politique de certains. Cette accusation a été généralisée par la confusion entretenue entre le racisme au sens strict (voir ci-dessus) et une déformation particulière qui affirme que toute reconnaissance de l'existence de différences est du racisme (ou du sexisme (différences hommes-femmes), rouxisme (existence des roux), etc.)

Il faut remarquer que ces accusations sont le plus généralement portées par les partisans des politiques Collectivistes, qui ne considèrent pas l'individu mais le groupe (tout comme le racisme), et imposent l'appartenance à un groupe comme le premier critère définissant un individu. Ce sont ces mêmes personnes qui défendent les politiques racistes (au sens strict) de discrimination positive. Un individualiste ne s'intéressera pas au groupe, en dehors de besoins précis, et considérera tout individu comme une personne unique.

Voir : Evoweb : Races, racisme et Evopsy

6. Augmenter (ou baisser) l'intelligence

6.1. Peut-on augmenter biologiquement l'intelligence ?

Oui, ça y est, on sait le faire avec des médicaments qui interviennent sur la concentration et même, pour certains, directement sur la mémoire.

Le problème maintenant est le même que dans le sport : le dopage. De très nombreux scientifiques ont déclaré prendre de tels médicaments pour augmenter leur efficacité intellectuelle, que se passera-t-il quand les enfants seront obligés de faire pareil pour suivre à l'école ?

6.2. Peut-on augmenter éducativement l'intelligence ?

Oui et non. L'entraînement permet en effet d'augmenter ses compétences mais pas énormément : tout se passe comme si l'inné fixait un maximum, que l'environnement permettra, ou non, d'atteindre. A noter que toutes les tentatives d'augmentation du QI par des programmes de développement en très jeune âge ont ruineusement échouées (ex. : Head Start aux USA, qui aurait cependant eu un impact positif sur d'autres critères).

La découverte de tels moyens éducatifs fait partie des grands challenges scientifiques à relever.

6.3. Peut-on diminuer biologiquement l'intelligence ?

Oui, et c'est hélas très facile : il suffit de priver le foetus ou l'enfant des nutriments nécessaires à sa construction.

6.4. Peut-on diminuer éducativement l'intelligence ?

Oui, mais c'est moins fréquent : on manque d'éléments pour déterminer si l'automutilation intellectuelle peut être définitive.

6.5. L'intelligence s'auto-nourrit-elle ?

Oui : de même que quelqu'un naturellement doué pour le sport s'entraînera plus (et avec plus de plaisir) qu'un autre, et augmentera ainsi son efficacité musculaire, une personne avec un Facteur g plus élevé aura tendance à avoir des activités intellectuelles qui entraîneront et augmenteront son efficacité intellectuelle.

6.6. Qu'est-ce qui baisse le QI ?

Il ne s'agit là que d'un bric-à-brac incomplet de ce qui a une influence négative sur le QI et l'intelligence. On peut citer :

  • Les jumeaux : -5 points (dus probablement au partage des ressources pendant la vie prénatale)

  • Un mauvais état de santé (e.g. : une grosse fièvre)

  • Plusieurs maladies psychiatriques :

    • Schyzophrénie (-13 points)
    • Dépression : la baisse y est plus importante si le patient est Bipolaire que s'il est Unipolaire

Voir sur la page Statistiques du QI : Impact sur le QI moyen de différentes conditions (exprimé en points QI Wechsler)

7. L'influence du milieu social

7.1. L'intelligence dépend-t-elle du milieu social ?

En partie oui : Une personne naissant dans un milieu très défavorisé risque de manquer des constituants nécessaires à sa croissance, et donc de subir des dégâts neurologiques. Mais la causalité peut aussi être inverse à celle que l'on entend fréquemment : les personnes ayant un QI supérieur à la moyenne (100) ont moins de chances de vivre dans un environnement social défavorisé, et leurs enfants auront donc plus de chances d'avoir un QI supérieur à la moyenne.

A noter que l'étude de l'INED de 1973 avait trouvé un même nombre réels de surdoués dans les milieux défavorisés, pris dans leur ensemble, que dans les milieux socialement élevés.

7.2. L'adoption dans un milieu plus élevé peut-elle suffire à augmenter l'intelligence ?

Peut-être : on n'en sait rien. Tout ce qu'on peut imaginer est que cette influence serait faible, à moins que le changement de milieu permette de débloquer l'enfant. Mais dans ce cas on ne pourrait pas dire que le QI a augmenté, mais juste que la première mesure était faussée.

Les études de Duyme et al. n'ont strictement rien prouvé (voir l'analyse sur ce site)

7.3. L'héritabilité dépend-t-elle du milieu social ?

Peut-être. Une étude de 200320 a trouvé que l'héritabilité du QI était plus faible dans les milieux défavorisés que dans les milieux favorisés. Si elle est confirmée, cette étude démontrera au minimum l'influence négative que peut avoir un environnement difficile sur le QI, et peut-être même l'influence positive d'un environnement adapté.

Une image pour comprendre.SI on trouvait que la taille physique est moins héritable dans les milieux pauvres que dans les milieux riches21, on pourrait en déduire que :

  • Soit les gènes des pauvres et des riches sont totalement différents au point qu'ils ne se transmettent pas de la même façon

  • Soit les conditions de mesures ne sont pas identiques dans les deux sous-populations

  • Soit les conditions de vie en jeune âge ont une influence sur la taille à l'âge adulte : en positif et/ou en négatif

La première de ces hypothèses est absurde (!!!), plus d'un siècle d'études suffisent à remettre en cause la deuxième hypothèse pour le QI, il resterait donc la troisième, et ses deux versions. Comme on sait qu'il est facile de faire chuter le QI mais qu'on ne sait pas l'augmenter, l'hypothèse la plus évidente serait que ce sont les conditions difficiles qui font baisser l'élément mesuré.

A noter qu'une conséquence serait que l'augmentation de la qualité de vie dans les milieux pauvres augmenterait l'importance génétique dans l'origine de l'intelligence.

7.4. Les électeurs de gauche sont-ils plus intelligents ?

La presse le répète à l'envie, mais non : ce sont les libertariens qui montrent les plus haut QI.

Sur Reason, Ronald Bailey22 remarque que la plupart des études sur le sujet souffrent d'un problème de définition : des critères utilisés pour distinguer le positionnement sur l'axe de segmentation droite-gauche correspondaient en fait à l'axe étatisme-libertarianisme23, ce qui explique leurs résultats contraditoires.

L'étude de Noah Carl (2014)24 a évité ce biais et trouvé (aux USA) :

  • Ceux qui s'identifient Républicains ont 2 à 5 points de QI Verbal de moins que ceux qui s'identifient Démocrates
  • Ceux qui ont voté Républicain ont 2 points de QI Verbal de plus que ceux qui ont voté Démocrate
  • Cette opposition s'explique par le fait que le QI Verbal est corrélé positivement avec les orientations de gauche dans le domaine social (corrélation : 0,10) et négativement dans le domaine économique (corrélation : -0,32).
    Les Libertariens, qui sont les seuls à défendre à la fois la liberté sociale et la liberté économique, font basculer les résultats : ils ne s'identifient pas Républicains et votent plus souvent Républicain que Démocrates.

Remarque : l'orientation politique est partiellement d'origine biologique : voir la Lettre Neuromonaco 93 : L’origine des opinions

8. Sommes-nous de plus en plus intelligents ?

Non, ça dépend du lieu et du moment, et au global notre intelligence est en chute :

  • Il apparaît que l'intelligence humaine baisse depuis 50 000 ans, probablement du fait du phénomène d'auto-domestication (voir la Lettre Neuromonaco 79: Auto-domestication humaine et Pacification)

  • Certains pays qui ont été à un moment de l'histoire des haut-lieux intellectuels et civilisationnels ont été détruits par des invasions qui ont laissé leurs marques (id. : voir la Lettre Neuromonaco 79)

  • L'évolution humaine s'est accélérée (et pas arrêtée comme on le lit encore) au cours des derniers millénaires du fait notamment de l'importance croissante de la culture25. Des pressions culturelles différentes sur des populations assez fortement isolées pendant des siècles ont eu un effet. Par exemple, Ron Unz a montré que la natalité différentielle basée sur la richesse a eu un impact sur le QI en Chine (voir Lettre Neuromonaco 64: Le poids démographique et (en anglais) Evo and Proud: Rethinking intelligence and human geographic variation By Peter Frost (11-02-2011))

  • Le célèbre "Effet Flynn" apparaît avoir caché une chute de l'intelligence (voir Mythe n°7 : 7 mythes du QI) :

    • Sur les 150 dernières années, Woodley et al., 2013 ont, à partir de l'étude de temps de réaction, trouvé une baisse du QI à un rythme de 14 points par siècle
    • En France une chute de 3,8 points de QI a été trouvée entre 1998 et 2008-9
    • ...

On peut de plus remarquer que l'héritabilité26 de l'intelligence est encore élevée.

En résumé (voir explication de Jacques Bénesteau sur ce site) l'héritabilité augmente avec à la fois l'origine génétique ET la variation. L'héritabilité du nombre de doigts est ainsi proche de zéro, non pas parce qu'il ne serait pas d'origine génétique (il l'est à presque 100%) mais parce que presque tout le monde a le même nombre de doigts (il n'y a pas assez de variation). En d'autres termes, la forte héritabilité de l'intelligence prouve non seulement son origine génétique, mais également sa variation.

Les évolutionnistes considèrent que si une caractéristique d'origine génétique est vitale pour le fitness27 d'un individu, alors au bout d'un certain temps l'espèce ne sera plus constitué que d'individus qui en bénéficieront (les autres n'ayant pas transmis leurs gènes). En contraposée, une caractéristique qui présente beaucoup de variation dans son expression n'était pas vitale pour le fitness, au moins dans la gamme de ses variations. L'intelligence entre dans cette dernière catégorie, et n'a donc pas été d'une importance vitale pour tous les membres de l'espèce.


9. Pour en savoir plus

Sur Douance

Sur Evopsy

Ailleurs

10. Historique des versions

Date Description
27 décembre 2023 Ajout Lynn (2021) à 4.1. Le Facteur g est-il lié au sexe ?
17 mars 2023 Complément et correction (Merci à J.M. !) à 4.1. Le Facteur g est-il lié au sexe ? - Complément à 5.1. Existe-t-il des différences entre les groupes ethniques humains ?
15 mars 2023 Ajout Nyborg (2015) à 4.1. Le Facteur g est-il lié au sexe ?
10 mars 2023 Ajout liens vers études à 4.5. L'intelligence est-elle sexy ?
1 février 2023 Mise à jour lien 7 mythes du QI
1 Nov 22 Ajout référence aux Bases Éco 12 et 17 en section 5.2 et Ajout tableau de Weiss et al. (2010) en section 5.3
26 Dec 20 Regroupement des sections 3.7 Les moins intelligents ont-ils plus d'enfants ? et 4.6. Les plus intelligents ont-ils plus d'enfants ? en 3.7. Les plus intelligents ont-ils plus d'enfants ?
25 Dec 20 Complément à : 3.5. Un enfant de surdoués est-il toujours surdoué ? et 3.6. Un enfant de débile peut-il être surdoué ? Suppression de 3.7. Comment augmenter ses chances d'avoir un enfant intelligent ?
13 Dec 19 Ajout : 3.8. Les moins intelligents ont-ils plus d'enfants ?
31 mars 18 Réécriture Section 1. Définition de l'intelligence
21 août 16 Ajout : 7.4. Les électeurs de gauche sont-ils plus intelligents ?
20 août 16 Réécriture sections 5.4 et 8. sur l'évolution de l'intelligence
17 août 16 Ajout 1.5 Les différences liées à l'intelligence sont-elles continues ? et 4.6 Les plus intelligents ont-ils plus d'enfants ?
03 août 16 Simplification, Ajout numérotation et liens au sommaire
30 juil 16 Restructuration
2001-2015 Multiples modifications
01 oct 00 V.3
20 juil 00 V.2
01 juil 00 1ère mise en ligne

Notes


  1. Traduction depuis :

    "Intelligence, also known as general cognitive function or simply g, describes the shared variance that exists between diverse measures of cognitive ability. In a population with a range of cognitive ability, intelligence accounts for around 40% of the variation between individuals in scores on diverse cognitive tests."
    Hill, W. D., Marioni, R. E., Maghzian, O., Ritchie, S. J., Hagenaars, S. P., McIntosh, A. M., … Deary, I. J. (2018). A combined analysis of genetically correlated traits identifies 187 loci and a role for neurogenesis and myelination in intelligence. Molecular Psychiatry. doi:10.1038/s41380-017-0001-5

  2. Entre autres études : Murphy, N. A., Hall, J. A., & Colvin, R. C. (2000, June). Judging a book by its cover: Accuracy in intelligence judgments. Poster session presented at the annual American Psychological Society Conference, Miami, FL. 

  3. En fait Spearman avait pu distinguer le Facteur g dès 1904, à partir des résultats partiels obtenus par les différents tests existant à l'époque. 

  4. Shulte et al. (2004) "Emotional intelligence: not much more than g and personality" Personality and Individual Differences 37 (2004) 1059–1068 

  5. Voir : Lettre Neuromonaco 27 : "3. Tests cognitifs et Performances" 

  6. Bien sûr un cerveau est très différent d'un ordinateur (non neuronal). Mais il faut se rappeler que l'ordinateur a été conçu pour ressembler au cerveau, tel qu'on le connaissait à l'époque. Et John Von Neuman qui en a posé les bases est aussi à l'origine de la Psychologie Cognitive. La ressemblance n'est donc pas parfaite (loin de là !), mais elle existe. 

  7. On écrit Facteur g avec un g minuscule italique (exactement à l'opposé du Point G). 

  8. Weiss, V. (2020). IQ Means Inequality - The Population Cycle that Drives Human History. Independant Publishing. ISBN:979-8608184406 

  9. Meisenberg, G. (2010). The reproduction of intelligence. Intelligence, 38(2), 220–230. doi:10.1016/j.intell.2010.01.003 

  10. Traductions : "Mean number of children" : Nombre moyen d'enfants ; "White" : Blancs ; "Black" : Afro-américains ; "Male" : Homme ; "Female" : Femme 

  11. How much dumber are big families?. Ron Guhname. The inductivist. 25 novembre 2019 

  12. General Social Survey 

  13. Are girls too normal? Sex differences in intelligence. James Thompson. Psychological comments. Sept. 2013 

  14. Colom & Lynn (2004) : "Testing the developmental theory of sex differences in intelligence on 12-18 year olds" Personality and Individual Differences, Volume 36, Issue 1, January 2004, Pages 75-82 

  15. Richard Lynn, Paul Irwing (2004) "Sex differences on the progressive matrices: A meta-analysis" Intelligence32 (2004) 481–498 

  16. Nyborg, H. (2015). Sex differences across different racial ability levels: Theories of origin and societal consequences. Intelligence, 52, 44–62. doi:10.1016/j.intell.2015.04.005 

  17. Exemple : Sapiosexualité : quand l'intelligence les met en transe. Mylène Bertaux. Le Figaro Madame. 13 août 2015 

  18. Traduction depuis :

    Both men and women could accurately judge intelligence and extraversion, but not the other Big 5, from the videos. Measured male g had no effect on female short-term attraction, but a small positive effect on long-term attraction, though only after extraversion and independently rated physical attractiveness were controlled. When information on male intelligence was presented incrementally, measured g did not predict changes in female long-term or short-term attraction ratings formed based on physical attractiveness. Overall we found no support for intelligence being sexually attractive to women on first encounters, and limited support that it increases initial impression of the potential as a long-term romantic partner.
    Penke et al. (2015) PDF

  19. Une image : la science (médicale dans ce cas) peut prévoir les risques d'une chute du 10e étage sur du béton sans parachute, mais elle ne dicte pas s'il faut, ou non, sauter. 

  20. Eric Turkheimer et al.() "Socioeconomic status modifies heritability of IQ in young children" Research Article, Psychological Sciences Vol. 14, No. 6, 623-628, nov. 2003 

  21. Je ne sais pas si de telles études ont été réalisées : il ne s'agit bien ici que d'une image

  22. Are Conservatives Dumber Than Liberals? It depends on how you define "conservative." The research shows classical liberals/libertarians are smartest of all.. Ronald Bailey. Reason. June 13, 2014 

  23. Voir l'explication des axes de segmentation utilisés en marketing politique : France : Proctérisme politique. Gouillou, Philippe. Evoweb. 2 décembre 2003 

  24. Carl, N. (2014). Verbal intelligence is correlated with socially and economically liberal beliefs. Intelligence, 44(1), 142–148. doi:10.1016/j.intell.2014.03.005 

  25. Hawks, J., Wang, E. T., Cochran, G. M., Harpending, H., & Moyzis, R. K. (2007). Recent acceleration of human adaptive evolution. Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, 104(52), 20753–8. doi:10.1073/pnas.0707650104 

  26. ce passage annule et remplace ce que j'avais écrit dans les trois premières éditions du Guide Pratique de l'Enfant Surdoué

  27. Fitness = chance de transmettre ses gènes dans les générations futures, c'est-à-dire d'avoir des enfants qui auront eux mêmes des enfants qui, etc.