La déscolarisation des enfants surdoués - Introduction à l'attention des parents - Jacque Ensign

Philippe Gouillou - 1999 -https://douance.org/education/e543vf.html
Traduction de l'ERIC DIGEST E543 de Jacque Ensign (1998).

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Présentation

Traduction personnelle depuis http://ericec.org/digests/e543.html.

13-04-01 : Merci à Agnes O. (www.montessorienfrance.com) pour les explications sur le "Hands-On-Learning" et la "Lecche League"

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Traduction

Ces 20 dernières années, de plus en plus de familles des US ont choisi d'éduquer leurs enfants à la maison ou en dehors de l'environnement scolaire conventionnel. Les estimations actuelles vont de 500.000 à 1,2 Millions d'enfants (Lines, 1991, 1995 ; Ray, 1996). Un nombre significatif d'entre eux sont des surdoués que leur famille a choisi de ne pas scolariser.

Quand des familles envisagent de déscolariser leur enfant, il leur faut étudier plusieurs aspects.

La contrainte temps.

La non-scolarisation impose un énorme engagement en temps de la part d'au moins un des parents. Toutefois, beaucoup des parents de Hauts QI (NDT : highly gifted children = 1/1.000) sont déjà activement impliqués dans l'éducation de leurs enfants. Les parents se retrouvent à essayer de compresser leur temps pour des activités extra-scolaires comme la musique, la danse, ou l'art. Fréquemment, leurs soirées se passent à enrichir ce qui a été appris à l'école, de sorte que leurs enfants continuent à être motivés par l'éducation. Ces parents affirment que l'apprentissage à la maison est le moyen d'adapter l'éducation de leurs enfants à leurs besoins spécifiques, et de les intéresser à un niveau approprié, ainsi que de créer un environnement éducatif complet avec un grand nombre d'activités.

Parlez-en ensemble pour décider si c'est le choix qui vous correspond. Comme pour beaucoup de types d'éducation, la non-scolarisation marche mieux pour certains enfants (et certains parents) que pour d'autres. Certains trouvent l'intensité de la demande trop stressante ; d'autres adorent cette liberté et ce défi.

Considérations matérielles et financières.

Les parents éduquant leurs enfants à la maison consomment beaucoup de ressources et de matériels. Cela peut finir par coûter cher, mais il existe des possibilités pour dépenser moins. Les parents peuvent se prêter les ressources, les partager, ou utiliser les mêmes moyens. Les bibliothèques publiques constituent une ressource très riches pour les livres et les vidéos. Beaucoup de bibliothèques proposent des prêts inter-bibliothèques ou des prêts pour les vacances. Internet offre énormément d'information sophistiquée, surtout dans les domaines académiques. Un ordinateur à la maison est un avantage, mais il y a d'autres moyen d'avoir un accès à Internet, par exemple dans certaines bibliothèques ou écoles.

Quand vous envisagez la non-scolarisation, prévoyez les ressources nécessaires en avance. A tout niveau, vérifiez ce que l'école pourra vous fournir. Si elle bénéficie d'un programme dédié aux surdoués, elle pourra vous suggérer un cursus, ou une orientation générale. Contactez les autres dans votre situation grâce au "homeschooling network" de votre Etat (réseau des non-scolarisés).

Considérations académiques.

Eduquer son enfant à la maison peut offrir une plus grande flexibilité et un challenge plus motivant. La flexibilité est particulièrement importante du fait que beaucoup de surdoués sont inégaux dans leurs capacités. Par exemple, un enfant peut avoir plusieurs années d'avance en math, mais suivre difficilement en lecture ou en écriture.

Certains enfants excellent dans tous les domaines et ont besoins de challenges pour rester motivés à l'école. Beaucoup de ces élèves restent nonchalamment assis, en attendant que le reste de la classe les rattrape (U.S. Department of Education, 1994b). Un cursus motivant et rigoureux permet d'ajouter de la profondeur et de l'ampleur. Par exemple, utiliser les sources d'origine peut amener l'élève surdoué à construire son esprit critique vis-à-vis de l'approche académique d'un domaine, ou lui permettre une vision interdisciplinaire de la matière. L'apprentissage par projet, le "hands-on-learning" (Agnes O : programme pédagogique venant des Etats-Unis et repris en France en 1996 sous le nom de "main à la pâte". Ce programme vise l'acquisition d'une démarche scientifique dès l'école primaire en mettant l'enfant au centre de ses apprentissages.), et l'apprentissage basé sur la résolution de problèmes peuvent constituer des approches intéressantes du contenu académique. Les surdoués non scolarisés apprécient l'opportunité de développer des approches diverses, et de pouvoir poursuivre ses découvertes hors des contraintes temporelles et académique.

Considérations sociales.

Beaucoup de gens ont exprimé leurs craintes quant à la vie sociale, et au risque d'isolation de l'enfant non scolarisé. Les études sur la capacité d'adaptation sociale et sur la confiance en soi indiquent que les non-scolarisés ont toutes les chances d'être sains socialement et psychologiquement (Montgomery, 1989; Shyers, 1992; Taylor, 1986). Les élèves non scolarisés ont tendance à avoir des amis d'âge plus variés que les autres, ce qui peut aider à leur maturation et à leur leadership (Montgomery, 1989). Les non-scolarisés ne sont pas forcément isolé des autres de leur âge : ils les rencontrent dans le voisinage, ou lors d'activités communes.

Grâce à un effort concerté des familles, la plupart des non-scolarisés peuvent trouver facilement des interactions sociales et intellectuelles. Quand un élève est intéressé par un sujet, des efforts peuvent être fait pour s'assurer que l'élève parle avec des gens d'horizons divers qui ont des opinions diverses. Un mentor travaillant individuellement avec l'étudiant peut accroître la stimulation et le défi. Les Sociétés Scientifiques et les organisations communautaires constituent de bons points de départ pour trouver d'autres intéressés par les sciences comme l'astronomie, les arts visuels ou autres, et la musique. Les bibliothèques, les musées, les parcs départementaux, les sites historiques, les programmes scouts ou sportifs, les activités locales, les groupes religieux et les cours de théâtres étendent le programme des non-scolarisés. Certains groupes de non-scolarisés ont formé leur propre équipe sportive, et participes aux championnats. Certains non-scolarisés peuvent tirer profit d'un volontariat dans des hôpitaux, des centres naturels, des parcs, des musées et des bibliothèques.

Considérations légales.

L'éducation hors école est légale dans 50 Etats US, au Canada, et dans beaucoup d'autres pays. Certains Etats demandent que les parents informent leur district scolaire de leur intention de déscolarisation, d'autres demandent aux parents de s'inscrire au Département (NDT : équivaut au Ministère) de l'Education de l'Etat. Certains permettent de s'inscrire directement en tant qu'Ecole Privée. Beaucoup d'Etats demandent une vérification annuelle des progrès scolaires. Certains ont des contraintes supplémentaires, comme la soumission d'un cursus, ou un certain niveau d'éducation pour les parents. A part l'évaluation de fin d'année, peu de services pour les enfants à la maison sont généralement prévus. Quelques Etats permettent au déscolarisés de participer à quelques classes, ou quelques activités. Beaucoup d'agences d'Etat pour l'éducation ont mis en place une liaison avec les déscolarisés pour aider les familles à comprendre les contraintes légales. Des services fédéraux d'éducation peuvent être disponibles également pour ceux plus âgés.

Du fait des particularités de chaque Etat, demander une copie de la loi applicable dans le vôtre auprès du Département de l'Education de l'Etat, ou du bureau législatif. Les groupes locaux de support aux déscolarisés constituent également un bon support d'information légale.

Les méthodes d'apprentissage.

Il existe beaucoup de méthodes d'apprentissage pour les déscolarisés, aucune n'est la meilleure. Le succès vient souvent à travers l'expérience, la confiance, et la bonne volonté pour expérimenter. Beaucoup de parents préfèrent la structuration et la sécurité permises par les cours par correspondance pour la première année, développant leur propre programme une fois qu'ils ont acquis assez d'expérience pour se sentir plus confiants. Certains préfèrent utiliser des guides et des programmes d'études standards du commerce, d'autres préfèrent utiliser une plus grande variété de ressources. Certains parents choisissent d'apprendre tous les domaines à leurs enfants ; d'autres cherchent un support extérieur pour certains ou tous les sujets, surtout pour les hauts niveaux. Les approchent peuvent différer en fonction de l'enfant, et des changements produits par l'expérience. Lire des compte rendus d'autres expériences de déscolarisation, et s'arranger pour connaître d'autres déscolarisés offrent une perspective plus riche, des idées, et un avis sur les différentes méthodes.

Comment faire pour évaluer ou développer la qualité d'un programme d'éducation à la maison ?

Tester et évaluer les compétences peuvent être utiles pour établir un programme éducatif et évaluer ses résultats. Une combinaison de plusieurs évaluations permet normalement d'obtenir l'image la plus complète du progrès d'un enfant. Les évaluations standardisées (hors examens officiels) et les portefeuilles d'évaluation peuvent aussi être appropriées. Les examens officiels de passage de niveau peuvent être obtenu auprès de l'école de votre district, ou du Département de l'Education de votre Etat. Ces examens peuvent être utilisés pour s'assurer que les élèves gardent un niveau suffisant par rapport à l'école. Les familles déscolarisant leur enfants devraient planifier des évaluations objectives du niveau de leur enfant comme une partie du cursus. Les évaluations objectives n'apportent pas seulement une information sur les résultats, mais devraient aussi influer sur l'évolution du cursus. Pour en savoir plus sur ce sujet, contactez le "ERIC Clearinghouse on Assessment and Evaluation (1-800-GO4-ERIC)".

Des cursus modèles et des standards de réussite sont disponible pour beaucoup des sujets. Les standards de contenu définissent ce que les élèves devraient savoir et être capable de faire. Ils décrivent les connaissances, les tâches, et la compréhension que l'élève devrait avoir pour atteindre les niveaux les plus élevés (U.S. Department of Education, 1994a). En suivant les standards académiques de base définis par l'état ou les standards nationaux, les parents disposent d'un cadre complet pour construire leur cursus. Les ressources et informations sur comment obtenir ces standards sont listées dans la deuxième partie de ce Digest : ERICEC Minibibliography EB18 (N.D.T. : Non traduit, voir sur le site ERIC).

Les compétitions internationales, nationale, et régionales peuvent fournir à la fois de bonnes évaluations et motiver l'élève. De plus, les compétitions permettent d'obtenir des informations en retour sur comment l'élève se compare aux autres qui ont les mêmes centres d'intérêt. Les compétitions régionales et nationales existent pour beaucoup de domaines, y compris les maths, les sciences, la programmation informatique; la rédaction, les techniques, la géographie, l'environnement, l'art, la musique et la danse. Des exemples spécifiques sont fournis dans la EB 18. Une liste sélectionnée des compétitions et des activités peut être obtenue gratuitement auprès de la National Association of Secondary School Principals (NASSP).

Comment réussissent les déscolarisés ?

Une manière de comparer les déscolarisés avec leurs pairs à l'école est d'utiliser les tests standardisés. Une étude sur les déscolarisés montre que ceux-ci obtiennent de meilleurs résultats que la moyenne de la population (National Home Education Research Institute, 1997). Galloway (1995) a effectué une étude approfondie sur le sujet et a trouvé des différences sensible, sauf dans le subtest d'Anglais à l'ACT, où les scolarisés réussissaient mieux.

Et le collège ?

Les dernières années de high school devrait être passée avec les applications du collège en tête. Ces années peuvent être menées de plusieurs manières. Certains étudiants restent à la maison, et ne passent aucun diplôme. D'autres choisissent de retourner à l'école pour le High School, pour se mettre au niveau de leurs pairs, et obtenir un diplôme standard. D'autres vont profiter des Advanced Placement courses (N.D.T. : ???) ou d'autres possibilités extra-scolaires.

Les études, quoique limitées, suggèrent que les déscolarisés réussissent bien au Collège (Sutton & de Oliveira, 1995; Galloway, & Sutton, 1995). De plus, les déscolarisés peuvent trouver que les expériences uniques obtenues par leur cursus à la maison les aideront dans des collèges compétitifs. Demandes aux collèges qui vous intéressent quelles sont leurs demandes particulières pour les déscolarisés. En l'absence de devoirs standards de High School, les collèges peuvent demander d'autres informations pour prendre une décision informelle. Les scores au SAT peuvent être considérés comme important, vu qu'ils permettent de comparer les déscolarisés aux autres. Les transcriptions des cours en High School peuvent être utile. Les lettres de recommandations des personnes ayant enseigné au déscolarisé, ou des services sociaux peuvent apparaître très valables. Une description détaillée du cursus à la maison, des projets indépendants, des compétitions, des publications et des services communautaires aidera un collège à comprendre la qualité de l'éducation à la maison, et à reconnaître l'élève comme un candidat valide. Une entrevue, quand elle est possible, est particulièrement importante.

Ou trouver de l'information ?

Ce Digest est accompagné d'une bibliographie (EB 18) qui propose une grande variété de ressources. Les ressources ci-après, ainsi que leurs bibliographies, constituent un autre point de départ. Il y a beaucoup de groupes de discussion de parents sur Internet sur ce sujet. Vous pouvez trouvez ceux du TAGFAM ou du TAG-L sur le site ERIC EC : http://www.cec.sped.org/gifted/gt-menu.htm. Vous pouvez aussi chercher un groupe de support local. Vous pouvez le trouver en vérifiant les organisations d'état listées dans certains magazines, et sur quelques-uns des sites indiqués en EB 18. Il y a aussi les bibliothèques, les bureaux d'éducation de l'état ou locaux, spécialement ceux pour les enfants surdoués. ; La Leche League (Agnès O. : association internationale (d'origine américaine) pour l'allaitement qui proposent également des informations et formations sur tout ce qui touche l'éducation des enfants : parentage, relation parents/enfants, scolarisation à domicile, etc...) ; et les organisations religieuses. Assurez-vous surtout que la philosophie de ces groupes correspond bien à ce qui vous a attiré dans la déscolarisation (N.D.T. : En France, faites très attention aux sectes !).

Références

Galloway, R. A., & Sutton, J. P. (1995). Home schooled and conventionally schooled high school graduates: A comparison of aptitude for and achievement in college English. Home School Researcher, 11(1), 1-9.

Galloway, R. A. (1995). Home schooled adults: Are they ready for college? ED384297.

Lines, P. M. (Oct. 1991). Estimating the home schooled population. Working Paper. Washington, DC: U.S. Department of Education, Office of Research and Improvement. ED 337903.

Lines, P. M. (1995). Homeschooling. ERIC EA Digest No. 95, ED381849.

Montgomery, L. R. (1989). The effect of home schooling on the leadership skills of home schooled students. Home School Researcher, 5(1), 1-10.

National Home Education Research Institute, (1997). Strengths of their own: Home schoolers across America: Academic achievement, family characteristics, and longitudinal traits. Salem, OR: National Home Education Research Institute.

Ray, B. D. (1996). Home education research fact sheet IIb. Salem, OR: National Home Education Research Institute.

Shyers, L. E. (1992). A comparison of social adjustment between home and traditionally schooled students. Home School Researcher, 8(3), 1-8.

Sutton, J. P., & de Oliveira, P. (1995). Differences in critical thinking skills among students educated in public schools, Christian schools, and home schools. ED390147.

Taylor, J. W. (June, 1986). Self-concept in home-schooling children. Home School Researcher, 2(2), 1-3.

U.S. Department of Education (1994a). High standards for all students. http://www.ed.gov/pubs/studstnd.html

U.S. Department of Education (1994b). Prisoners of time. http://www.ed.gov/pubs/studies.html#Time_and_Learning

Note. The Home School Researcher is published by the National Home Education Research Institute, PO Box 13939, Salem OR 97309. 513-772-9580. URL: http://www.nheri.org

Author

Dr. Jacque Ensign is a professor of education at Southern Connecticut State University and a consultant for homeschoolers in Virginia. She homeschooled her own three gifted children for 11 years.

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